Rencontres, souvenirs et briquet rose

[PV Sairenji Haruto...quand sa fiche sera finie]

Les murs blancs éclatants de l’hôpital et l’odeur caractéristique des hôpitaux étourdissaient Eva. C’était… trop propre ici. Trop parfait. Il était étrange de se dire ça, mais Eva était loin d’aimer les endroits de ce genre. Cela la mettait mal à l’aise, allez savoir pourquoi. Peut-être cette ambiance morne et triste des patients ici depuis des mois qui s’emmerdaient à en mourir dans des plâtres ou même une ambiance de mort qui flottait dans les services de réanimation. La tête dépitée des doc’ qui se demandaient en fait pourquoi ils avaient fait ce métier ingrat et le visage stressé des infirmières en sous-nombre qui couraient des dossiers plein les bras. Cette atmosphère contrastait avec les locaux créés en l’occurrence pour ne pas plonger le personnel et les patients dans une dépression encore plus grande. Il y avait des peintures de natures mortes, des peintures qui représentaient également des animaux qui faisait on ne savait quoi sur un fond de forêt verdoyant. Quelle horreur. Si Eva venait à être cloîtrée entre les quatre murs d’un hôpital elle en deviendrait rapidement folle. Ses talons claquant sur le marbre de l’hôpital, elle marchait dans les couloirs interminables de l’hôpital à la recherche de la chambre B214. L’hôtesse d’accueil qui venait apparemment de débuter ne put lui donner que des informations vagues sur l’endroit où se situait cette chambre finissant par un « vous devriez demander à un membre du personnel hospitalier » bredouille.

*Idiote, et toi t’es quoi…*

Apparemment comme on ne peut compter que sur soi-même, Eva se lança dans les couloirs interminables du bâtiment B. Avec un peu de chance quelqu’un de plus compétent pourrait la guider. Etrangement tout était vide ici. Comme par hasard. Observant les alentours elle s’arrêta perplexe sur une représentation d’un tableau avec des cubes et des ronds mélangés en un laid camaïeu. Elle fut interrompue dans sa refléxion personnelle par une voix féminine.

« Gomen nasai, recherchez-vous quelque chose madame ? »

C’était une infirmière. Une vieille peau qui devrait prendre sa retraite avant de tomber un jour de fatigue. Quoique elle serait déjà dans l’hôpital, ça évitera le déplacement.

« Oui je recherche la chambre B514.
-Ha oui vous n’y êtes pas. Alors c’est tout droit. Deuxième à droite puis à gauche. Prenez l’ascenseur jusqu’au 5è étage et en sortant prenez la première à gauche vous ne pouvez pas la rater. »

Eva se demandait si elle se foutait de sa gueule. L’infirmière lui fit un sourire niais et s’en alla après que la jeune femme lui ait murmuré un vague « merci ». Bon, il s’agissait de se remémorer de ce qu’elle lui avait dit.

Observant à travers la vitre de la chambre, elle reconnut le policier qu’elle était venue voir. Avec des collègues ils avaient eu un accrochage avec une bande de voyous qui rackettaient un pauvre adolescent. Ils s’étaient révélés plus nombreux que prévu, sortant dont on ne savait où et armés d’arme blanche. Le policier en question avait reçu un coup de canif dans le torse et dans le bras. Toute cette histoire aurait pu mal finir si le bruit des renforts ne les avaient pas fait fuir. Certains des caïds ont pu être mis sous arrestation mais la majorité s’était enfuie.
Elle s’approcha du lit attirant l’attention du policier qui lui sourit

« Minamoto-sama…
-Comment te portes-tu ?
-Ah… »

Il porta une main à son torse sur lequel un énorme pansement trônait.

« Cela me fait encore bien mal mais ça ira mieux.
-Ha tant mieux. Je vous ai apporté une lettre de votre femme. »

Le policier prit la lettre que lui tendait Eva, curieux. Pendant qu’il lisait la lettre qui faisait bien trois pages Eva observa la pièce et remarqua un deuxième patient qui occupait la pièce. Il avait la tête tournée semblant dormir d’un profond sommeil et elle ne put alors voir son visage.

« Atsuhito-san. Qui est-ce ? »

Sans lever les yeux de sa lettre il dit

« Un adolescent qu’on a recueilli à moitié inconscient dans la rue à côté du commissariat. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé. Depuis qu’il est là il ne fait que dormir. C’est à peine s’il se nourrit. »

D’un œil brouillé, il regarda sa supérieure hiérarchique d’un air un peu navré

« Sûrement un garçon livré à lui-même comme tant d’autres. »

Eva regarda les cheveux en bataille du garçon qui émettait des soufflements régulier. En jetant un coup d’œil sur sa table de chevet, elle vit un détail qui attira immédiatement son attention : un briquet rose à côté d’objets plus ou moins personnels. Elle se souvint alors de cette nuit ou elle avait rencontré un adolescent qui lui avait bien plu et à qui elle avait légué son briquet. Serait-ce lui ?

Contournant le lit, elle se mit face à lui et effectivement il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Attendrie, Eva posa alors une main sur son front écartant les mèches rebelles qui lui barraient le visage. Sa peau était toujours aussi lisse mais des cernes marquaient maintenant ses yeux fatigués. Il lui était encore inconnu mais elle ressentait pour lui comme un instinct maternel. Quelque chose qu’elle avait envie de protéger. Quel étrange sentiment. Elle qui n’avait rien de la fille familiale, qui était loin de vouloir assumer des responsabilités.

*Tu déglingues ma pauvre fille…*

Elle retira sa main et c’est à ce moment que le garçon décida d’ouvrir ses yeux sur le visage de la femme qu’il avait voulu en faire son modèle.
« Vous êtes venu me voir ? Comme c’est touchant.» dit-il avec une voix éteinte. Le faible sourire qu’il fit laissait entendre qu’il ironisait.

« Je me disais que j’allais pouvoir récupérer mon briquet… »

Eva laissa sa phrase en suspend pour qu’il puisse lui dire se présenter.

« Kazuhiro. »

« Minamoto-sama ! »

Atsuhiro le policier l’observait depuis tout à l’heure, la lettre repliée sur le drap qui le recouvrait. Eva rejoignit son coéquipier et discuta encore plusieurs minutes avec lui observant de temps à autre son petit protégé.

[premier poste]

Comme toujours marchant dans les couloirs blanc de l’hôpital, avec cette odeur d’antiseptique persistant, odeur d’ailleurs naturelle, sans elle se ne serait plus un hôpital. Haruto faisait la visite des malades, une infirmière sur les talons. Ces derniers temps le médecin n’avait pas beaucoup de distraction, où plutôt ne fréquentait il pas ses jouait. A force parfois on se lasse, même des meilleurs. Il avait ces petites périodes comme cela, assez inquiétante pour ses petit esclave... Il poussa la porte de la chambre d’une patiente, un jeune homme qui avait reçu des coups de couteau à l’abdomen. Il examina les points de suture, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Ce n’est pas lui que se serait arrivé ça ! Il continua les bilans habituels :

"Uehara-San, faites faire changer ses pansements s’il vous plait… Et monsieur Haerada ne bougeait plus de votre lit, je ne vous donne pas encore l’autorisation de sortir d’ici sans qu’une infirmière soit auprès de vous… Et pas de mais qui tienne…"

Dit-il d’une voix distante. Tandis que la femme notifiait les recommandations d’Haruto, celui-ci s’empara des derniers bilans du patient, accroché au pied du lit. Une main dans les poches il observa la feuille, puis reposa le support. Il passa ensuite une main dans ses cheveux, à la couleur singulière. Blanc, oui blanc comme la neige, particularité génétique que l’on retrouvait dans sa famille.

Après quelques notifications, le médecin et l’infirmière passèrent dans la chambre du patient suivant. Ah ils étaient deux dans celle la, une pierre deux coups, tant mieux. Un soupire franchis les lèvres du médecin, qu’est ce qu’il allait bien pouvoir faire cette nuit… Alors qu’il entrait en congé, il n’avait encore rien prévus. Bof, il pourra toujours appeler le jeune idiot qui avait essayé de le rouler et commencer à le dresser comme il fallait pour qu’il devienne complètement soumit, se sera toujours cela de fait. Il entra dans la salle, les deux patient était allonger sur un lit, à côté de l’un d’eux, une femme, aux long cheveux noire, deux onyx en guise de yeux, les lèvres rose et fine, un nez fins, qui avait l’air d’avoir une peau douce et fine, au teint de pêche. Un petit sourire apparu sur les lèvres d’Haru, cette femme avait capté son attention. Une nouvelle conquête ?

"Konichiwa Mademoiselle…"

Murmura t-il d’une voix neutre, avant de s’approcher du jeune homme qui avait été retrouvé près du commissariat. Il s’empara de sa feuille de soin, et dit doucement en observant la feuille:

"Alors on est réveillé aujourd’hui Kazuhiro-Kun… C’est la deuxième fois que tu viens ici en trois mois, tu devrais faire plus attention à toi, on sait jamais je pourrais avoir envie de te découper en morceaux moi-même si tu continues. Alors voyons voir..."

Kazuhiro sourit, mais n’ajouta rien. L’infirmière tira un rideau cachant à la vue de la femme et du policier le jeune homme et son médecin, Haruto commença son examen minutieux, après une bonne dizaine de minutes, tandis qu’il notait le bilan, l’infirmière tira à nouveau le rideau :

"J’espère que tu es patient Kazuhiro-Kun tu vas en avoir pour un moment… D’un autre côté c’est ce que cherchait ce qui t’ont fait cela… Bon au tour de notre très cher policier…Atsuhiro-San comment allez vous aujourd’hui ? Je vois que vous avez de la visite… Excusez moi mademoiselle, pouvez vous nous laissez seule un moment avec lui… Il faut qu’il me montre ces blessures de guerre… "

Atsuhiro grommela, un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres d’Haruto avant qu’il reprenne :

"Et bien on s’est encore levé du bon pied à ce que je vois… A non c’est vrai que vous en êtes interdit… L’infirmière à dut vous faire passer le message, si quelqu’un vous voit dans le couloir j’ai donné l’autorisation de vous faire menotté au lit… Quelle ironie, n’est ce pas ? Tendez votre bras…"

L’infirmière tira le rideau après avoir sourit a la femme qui s’était déplacé dans la chambre. Haruto commença alors son examen tout en parlant :

"Et bien on n’aime pas mon humour ? Bah de toute façon je ne vous apprécie pas non plus… Trêve de plaisanterie le torse maintenant…Faites changer les pansements Uehara-San, cette antibiotique la, on peut l’arrêter… Bien…"

Après quelque instants, La jeune femme et Kazuhiro purent de nouveau voir le policier. Haruto posa son regard onyx sur la visiteuse et demanda :

"Je me nomme Sairenji... Vous êtes sa femme ? Si c'est le cas s'il vous plait faîtes lui entendre raison. Il ne faut pas qu'il se leve..."

[Désolée pour la fin j'ai un peu bâclé]

Eva vit la porte de la chambre s'ouvrir à la volée pour voir se découper dans l'ouverture la silhouette d'un homme tout de suite suivit par une infirmière. Ha le toubib apparemment. La moindre des politesses exigeait que la jeune femme se leva et salua comme il se devait le médecin. Tout en s'inclinant elle prononça un coutois "Sensei..." avant de se rasseoir. Elle laissa le médecin (qui était d'ailleurs plutôt bien foutu, ce qui était rare dans le métier où on ne voyait que des vieux croulants au crâne dégarni) faire sa ribambelle d'analyses suivi de près par sa petite assistante. Elle devait bien être contente celle là de le seconder. Eva eut la furtive idée de se demander s'ils avaient déjà couché ensemble. Un petit sourire malicieux apparut sur le visage d'Eva qui s'empressa de le cacher. Manquerait plus qu'on la prenne pour une folle et qu'on l'emmene en psychiatrie.

Le médecin paraissait être un petit être arrogant et imbu de lui-même vu les paroles qu'il débitait. Hmm, elle aimait ça. Au moins il ne semblait pas manquer d'autorité. Ce qui semblait être de l'insensibilité devait sûrement être le remède pour ne pas sombrer dans un pétage de plomb absolu avec tous les dingues qui trainaient par ici. S'occuper des cas comme Atsuhiro n'était pas une mince affaire, alors s'il y en avait dix comme lui en une journée, l'asile aurait été le passage obligé. Pas étonnant que la plupart des toubibs fassent la gueule.

Lorsqu'il en eut enfin finit après un temps interminable, il se tourna vers elle pour lui poser une question qu'elle n'était pas du genre à apprécier. C'était étrange mais elle refusait en bloc ce genre de lien, en plus être mariée à Atsuhiro. Quelle idée. Elle nia de la tête.

"Je suis sa supérieure. Minamoto Eva. Et s'il veut se lever qu'il le fasse. Personne ne vous en tiendra rigueur."

Eva jeta un regard en biais au policier pour lui faire comprendre qu'elle n'approuvait pas son comportement. Dans le genre fier y avait pas mieux que lui. C'était bien gentil de vouloir joeur les héros, mais il était hors de question de renvoyer en mission un homme à moitié défaillant déjà qu'il y avait assez de problème avec la discipline des policiers, manquerait plus qu'il y ait des bras cassés.

"Bref. Vous serez aimable pour mettre le coût des soins du jeune homme derrière moi sur mon compte. Je le prends à ma charge."

Eva ne fit pas attention aux protestations qui s'élevaient déjà dans son dos et sortit de la chambre sans demander son reste.