Ich habe ein Problem [Réservé Hellä]

Invité

- Scheiss…

Elle mâche bruyamment un chewing-gum et les personnes dans la file d’attente se tournent parfois pour lancer un regard noir auquel elle réponds par un regard innocent genre « Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fais encore ? »

- Dummkopf…

Et puis d’abord c’est bon, qu’ils arrêtent de la regarder comme une pestiférée, elle était en vacances elle aussi ! … Enfin pas tout à fait… Vacances voir installation définitive mais ça, ça dépendrait de l’acceuil de son cousin… Hum, réflexion faite, pas sûr qu’il apprécie l’installation définitive, surtout dans son appartement… Donc vacances chez le cousin et installation définitive… Ce qui bien entendu sous-entendait: Trouver du boulot et un appartement…

- *sifflement appréciateur envers la dame qui s’occupe des passeports et qui sourit à tout le monde, salaire à la fin du mois et politesse nippone oblige…*

Oh elle veut bien se trouver un job et un appartement… Mais si c’était pour travailler dans ces petits bureaux exigus avec Hiro, Andô et Hikaru (Traduisez: Pierre Paul et Jacques) ils pouvaient toujours courir ! Elle était là pour un nouvel horizon musicale pas pour jouer les secrétaires salopes auprès d’un patron frigide qui ne lui donnerait même pas son avancement…

- We all live in Amerika… Amerika… ist Wunderbar…

Elle mâche bruyamment un chewing-gum et écoute du Rammstein à fond pour couronner le tout. En face d’elle une mère de famille tressaille et essait de calmer son gamin hyperactif et très crevé qui saute partout en demandant, certainement en français, sans discontinuer « C’est quand qu’on va faire dodo ? Hein dis maman j’ai envie de faire dodo moi ! Et en plus c’est dégueulasse Marie elle a vomit son sandwitche et ses fringues elles puent ! Dis dis maman c’est quand qu’on va dormir ? Hein dis maman c’est quand qu’on va à l’hôtel et dormir hein dis maman c’est quand qu’on… »
Heureusement d’ailleurs que Dode ne comprends pas le français, même si à ce sujet le babillement du gamin l’agace prodigieusement, car elle lui répondrait au sitôt que sa famille et lui sont expatriés, qu’ils ne dormiront pas à l’hôtel parce qu’ils ont pas de sous et sont à la rue et que dès demain matin il va aller avec des petits chinois construire des ballons de foot pour ses meilleurs copains restés en France, quelle bande de veinards…
Mouaif… Avec un peu de chance le gamin harcèlerait sa mère pour avoir la signification du mot expatrié…

- *Avance dans la file, jette un regard torve au gamin qui chiale parce que sa mère sur les dents vient de lui coller une beigne et change de chanson* Hier kommt die Sonne… Hier kommt die Sonne…

Elle jette un coup d’œil à sa montre pour faire comme tout le monde mais s’aperçoit avec un peu de marmonnements plus ou moins intérieurs qu’elle n’a pas suivit les conseils du pilote et ne l’a pas réglé.
Du coup: Heure allemande.
Elle cherche des yeux une horloge et se gratte un peu la nuque en baillant.
21h00
Mouaif….. Elle était pas si fatiguée que ça, juste pressée d’aller à un hôtel avant de -d’enquêter pour- retrouver son cousin.
Mais pas avant demain… Elle avait ses heures de sommeil à rattraper et si elle ne dormait pas 24h00 d’affilées elle allait péter un plomb… Et Dode qui pète un plomb est mille fois plus chiante que celle qui mâche bruyamment son chewing-gum en chantant du Rammstein, les mains dans les poches, poussant ses valises devant elle par coup de pieds plus ou moins doux alors que tout le monde autour d’elle avait des caddies.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Et puis les caddies c’est payant et déjà qu’elle a pas beaucoup de sous…
Elle ? Une ancienne star ?
… Euh ouais mais le terme « ancienne » devrait tout expliquer nan ?
Et puis elle avait jamais trop fait d’économies non plus…

- *Avance encore, laisse la mère babiller dans un français que la jolie jeune femme japonaise a l’air de plus ou moins saisir, continue de chanter alors que le gamin, dérangeant sa mère toute les deux secondes, lui donne des envies de mort par suffocation* Sie ist der Hellste Stern von allen… Und wird sie von Himmel fallen…

Elle sort discrètement de sa poche un petit morceau de papier qu’elle a déchiré discrètement dans un dictionnaire japonais-allemand avant d’embarquer sur son vol et relit attentivement la petite phrase qu’elle a essayé de retenir pour son arrivée. Elle fait un petit sourire satisfait et se rengorge, attendant son tour presque impatiemment. La petite nippone allait en rester sur le cul…
De l’autre côté, elle aperçoit les flics qui la surveillent du coin de l’œil mais s’en contrefout. En même temps, elle ne peut pas trop leur en vouloir vu sa dégaine… Est-elle une fille ou un garçon ? Peu d’indices permettent de les aider pour le coup… Elle a une casquette militaire kaki vissée sur la tête qui lui cache les yeux. Ses cheveux bruns coupés court lui mangent un peu le visage en des mèches plus ou moins régulières. Son tee-shirt large baille sous son épaisse veste marron qui lui descend jusqu’aux fesses tandis que le nain multicolore juste derrière fait des fuck au pauvre con qui maugrée derrière elle sur sa conduite… Ah ouais, un autre allemand, pas de chance pour toi coco…
Quand à son jean… n’en parlons pas. Déchiré aux genoux, d’un bleu délavé, on a l’impression qu’il va à tout instant se déchirer pour dévoiler son caleçon à motif écossais rouge et vert.
Elle a un petit sourire satisfait… Elle s’imagine, détaillée par un regard extérieur et se trouve pas mal dans son genre… Son style lui convient tout à fait. Et puis, fuck the world comme disent les sales jeunes.

- *Laisse la maman se barrer en sifflotant keine Lust le sourire aux lèvres, s’avançant d’une démarche chaloupée vers la jeune femme qui lui rend son sourire avec douceur* Konnichiwa ! Watashi Dode Zigeneur desu !

Notez que la prononciation devait bien être écrite ainsi:
Quoniiitchiwouah ! Wouatachi Dode Zigeneur déçu !
Mais n’allons pas griller son trip’, elle fait tellement pitié avec son torse bombé, le sourire satisfait aux lèvres, attendant avec stupidité l’exclamation stupéfaite et respectueuse de la jeune femme ainsi que quelques applaudissements peut-être…
Mais comme elle peut s’en apercevoir comme d’autres étrangers ravi d’étaler leur peu de savoir sur la langue nippone avant elle, la jeune femme, bien loin de l’applaudir, commence à lui parler à toute vitesse dans un japonais bien entendu parfait et surtout incompréhensible pour notre chère Dode.
La situation aurait pût être comique si la -prétendue- jeune femme n’avait pas rejeté au loin toute idée de s’imaginer sous un œil extérieur, les joues cuisantes sous la honte.
Elle entends derrière elle un ricanement et se retourne rapidement pour lancer à l’allemand qui la regarde d’un œil goguenard une insulte typique de leur bon pays, ça lui rappellera des souvenirs nostalgiques tiens !

- Du Wixert !

Ce qu’on pourrait traduire poliment parlant par: Tu peux bien arrêter de rire s’il te plaît car vois-tu moi au moins je n’ai pas la prétention de ressembler à un homosexuel refoulé préférant de loin les bondages sado-maso plutôt que les parties de jambe en l’air avec sa femme…
Enfin, en gros quoi.

Puis, un peu calmée, elle se retourne vers la jeune japonaise et sort son passeport de la poche intérieure de sa veste tandis que l’Allemand, trop surpris pour réagir, fixe son dos bêtement. Nul doute qu’il ne va pas tarder à péter les plombs, il faut donc se presser et boucler l’affaire sans commettre d’impair. Pas qu’elle soit lâche, elle est juste décalée ce qui la rend très irascible et retrouver son cher cousin par le biais de la police n’est pas son désir premier… Ainsi, elle se contente de sourire maladroitement et de murmurer, dans un anglais plus ou moins accentué par son accent allemand à couper au couteau.

- Excuse me, miss but I don't speak Japan... I am just coming in order to present you my passport... Do you Speak English ?

C’était plus ou moins ça et elle pria intérieurement en croisant discrètement les doigts pour que la jeune femme comprenne et règle rapidement ce problème tout en posant sur le guichet son passeport et sa carte d’identité.

Dieu eut avoir pitié d’elle ou simplement en avoir raz-le-bol qu’elle le menace à chaque fois d’une représentation unique dans l’église du coin de son talent -enfin peut-on appeler ça un talent ?- pour le chant concernant notamment les chansons de Rammstein puisqu’elle pût s’éloigner moins de 5 minutes plus tard en soupirant de soulagement.

Remerciant les chansons américaines de son enfance, elle se dirige alors vers la sortie en trainant ses valises, n’ayant absolument aucune idée de l’endroit où aller… ni même comment payer son taxis étant donné qu’elle n’avait que des Euros…
Se grattant la nuque, elle jette un œil aux flics présents dans l’aéroport mais songe avec amertume que si il y a bien quelque chose d’international c’était la connerie des agents de l’Etat… Mauvais point pour elle.
Définitivement et totalement paumée made in Japan...

Un nouveau soupir franchit ses lèvres et elle s’installe sur sa plus grosse valise qui, remplie de vêtement, s’affaisse sous son poids, ses autres valises autour d’elle alors que le monde vaque à ses occupations sans se soucier d’elle.
Ouais… Elle a un problème… Et personne à qui s’adresser…

Invité

* Nom de dieu. Une semaine de vacances, la seule que j’ai pu prendre en plus de deux ans. Et il faut que ce connard la gâche ! Me faire ça, à moi… enfoiré. *

Au beau milieu de l’aéroport, bagages en main, prête apparemment à décoller… se tenait une silhouette menue, indescriptible et… visiblement contrariée. A quoi voyait-on que la fée de cauchemar toute de rose et de blanc scintillante n’était pas dans les meilleures dispositions qui soient ?

Arrêt sur image. Retour arrière, vitesse 10x.

Ah tiens. Elle n’était pas plantée seule comme une gamine paumée dans ce hall bondé. C’est qui ce type en costume cravate hors de prix ? Il dépasse sa compagne d’une bonne vingtaine de centimètres et son profil indique qu’il ne se sent pas du tout en odeur de sainteté à cet instant dont nous volons l’intimité.

Zoom. Grossissement x3.

Ouh la… oui. Il même l’air carrément emmerdé. Qui ne le serait pas devant ce masque de furie démoniaque - prête à vous arracher le cœur, les boyaux et même les os pour se curer ensuite les dents avec – qu’affiche le petit bout de femme auquel il fait face. En temps normal, elle paraîtrait inoffensive. Adorable même ou du moins, séduisante à sa manière totalement non conventionnelle. Quelques hommes allègent d’ailleurs le poids de l’attente dans l’aéroport surpeuplé comme à l’accoutumée, faisant monter leur température corporelle en laissant leurs voyeurs petits yeux anonymes glisser sur les formes corsetées et enrubannées de la demoiselle. Aucune chance que l’épiée s’en aperçoive, ses pupilles sont rivées sur cet homme – d’allure plutôt classe et dont les traits laissent deviner une petite trentaine très bien assumée – crachant des flammes qui si elles pouvaient se matérialiser, l’auraient déjà transformé en petit tas de chair calcinée et fumante.

SBAF

Rapide comme l’éclair. Cinglante et froide comme la pluie d’orage en hiver. Une gifle vient de s’abattre avec violence sur la joue gauche de l’objet de courroux. La tête revenue en place, après avoir méchamment tenté un vicieux 180° que l’anatomie interdit formellement sous peine de ne jamais plus revoir une lumière autre que celle du bout du tunnel… il lutte contre l’impérieuse envie de lui en flanquer une à son tour pour lui faire comprendre qu’il est bien gentil mais que certaines limites ne devraient pas être outrepassées. Même par une poupée acidulée aussi excitante qu’agaçante comme cette colérique jeune femme. Il tourne simplement les talons et la plante là, sans autre forme de procès. Sa haute silhouette aux épaules larges fend la foule d’un pas calme mais rapide, direction la porte de sortie.

Zoom. Grossissement x2.

Fulminer n’est même plus un terme approprié désormais. L’état d’énervement qui se lit sur ce visage d’ange baroque a achevé de la transformer en harpie prête à écharper quiconque passerait malheureusement trop près de son bec et de ses griffes acérées. D’ailleurs personne ne s’y trompe et le vide se fait curieusement avec un naturel emprunt de politesse gênée autour de la folle furieuse aux anglaises fuchsia et rose dragée. Déjà qu’elle leur faisait limite peur avant, maintenant ils la fuient comme la peste. L’instinct de survie est un atout non négligeable dans la vie et se conformer à ses appels leur paraît la meilleure chose à faire.

NOM DE DIEU DE BORDEL DE MERDE ! CHIEN DE YAKUZA ! ESPÈ*****************************************************************************************

BIIIIIIIP

Mesdames et messieurs, à présent, une page de publicité. Nous reprendrons le cours de notre série une fois la situation revenue à la normale. [A savoir quand la gracile jeune dame aux allures de lolita ici présente aura cessé de hurler un chapelet d’insanités propres à provoquer une crise d’apoplexie illico chez le prêtre le plus aguerri à l’exorcisme que l’on puisse rencontrer ici bas.] Nous vous demandons de bien vouloir nous excuser pour le dérangement occasionné.

Arrêt sur image. Retour arrière, vitesse 32x.

Extraction de la piste sonore. Nettoyage des parasites et atténuation du bruit de fond.

PLAY

« - Je suis désolé… vraiment désolé Itoshi. Le Boss m’a appelé à la dernière minute et…

- … *tape du pied et affiche un air déjà sensiblement agacé*

- … j’ai tout juste eut le temps de faire un détour par ici pour te prévenir. Gomen ne… je te promets, on partira en vacances le mois prochain. Rentre. Je t’enverrai un petit cadeau ce soir pour me faire pardonner.

- Tu sais où tu peux te le foutre ton cadeau ? Et bien profond en plus.

- Attends… calme toi. Tu connais les contraintes de mon boulot… Ne commence pas s’il te plaît. Et moi… je ne moufte pas quand tu passes la nuit avec un client…

- Pardon ? Je peux savoir pourquoi tu prends cet air dégoûté là ? Et je les emmerdes les contraintes de ton boulot à la con si tu veux tout savoir… faire le larbin pour un vieux schnock même pas foutu de te remercier en te laissant en paix une toute petite semaine… Je ne vois même pas ce que je fais avec un toutou dans ton genre.

- Ah parce que tu te figure peut-être que s’allonger sous un gras du bide plein de poils et de sueur, se faire docilement troncher et feindre l’orgasme pour qu’il prenne son pied est plus reluisant peut-être ? Oh non, j’oubliais ! Princesse Pétasse sélectionne ses clients… Mademoiselle à des exigences. S’il faut sucer, ce sera une queue de top modèle. C’est plutôt moi qui me demande ce que je fous avec une nana aussi ouverte au public que le Tokyo Dome.

- Sale… petit... enc..

*BAF *

- Tu peux aller te faire foutre. Trouves toi une autre… pétasse… comme tu dis. Fous le camp !

- Hellä… Chérie, je suis…

- Halt die Schnauze ! Casses-toi ! Et ne remets jamais les pieds au club ou je te jure que je te fais virer sur le champ et tabasser dans une ruelle en guise de bonus. Connard… »

Voilà donc la raison de l’abattement subit d’une gracile main couleur albâtre sur la joue aux pommettes saillantes du dénommé enfoiré, connard, petite merde et autres sobriquets emplis d’affection, témoignage d’un amour sans limites et sans failles dont rien ne saurait éteindre la flamme éternelle. Ah non. L’incendie qui ne saurait être maîtrisé, c’est plutôt celui de la colère qui se lit encore dans les prunelles vert clair de l’agresseuse.

Parcourant la foule, marée en dégradé de noir, gris et blanc, elle paraît le chercher des yeux un instant. Pour lui lancer un rayon laser et le liquéfier sur place ? D’accord, c’est une jeune femme à l’étrange allure mais tout de même… restons sensés. Toujours est-il que les allés et venues furibonds de son regard émeraude baissent de vitesse et couvrent une circonférence de plus en plus étendue. Elle à l’air… perdue. C’est le mot oui. La tension quitte peu à peu ses traits fins qui recouvrent petit à petit une aura plus angélique, bien que sentant toujours le souffre à plein nez. C’est plus de la frustration et une pointe de tristesse qui se lit sur le visage fermé rehaussé d’un maquillage geisha-punk de la ballerine d’Hadès.

Soudain ses grands yeux s’écarquillent.

Ni une ni deux, des petits pas décidés – qui s’ils avaient été ceux du colosse de Rhodes, auraient sans nul doute provoqué un raz de marée mémorable en s’enfonçant comme les siens dans le sol – animent les jambes fines et gansées de résille. Les talons des bottes claquent bruyamment sur les dalles du hall à mesure qu’elle fond sur sa cible.

Malheur à lui si la harpie l’a repéré ! Elle va en faire de la chair à saucisse et le donner aux chiens, assurément. Ou pire… qui sait avec ce genre de fêlés de la cafetière. Ils savent se montrer curieusement inventifs quand il s’agit de laisser joyeusement s’exprimer leur sadisme.

Arrêt sur image. Zoom x3.

Ouf. Il ne s’agit pas du yakuza objet pour les temps à venir de ses plus imaginatifs scénarii de vengeance. Enfin… heureusement… pour lui seulement. Peut-on en dire autant de la personne à la hauteur de qui arrive le maléfique jupon bouffant de la sorcière de l’Ouest ?

Il semblerait que celle-ci soit sauve. Assise sur une valise presque aussi grande qu’elle, casquette sur le crane et baladeur dans les oreilles, une autre forme féminine patiente avec l’air d’un chiot lâchement abandonné. Mue par une solidarité chromosomique et une compassion née à l’instant où ses yeux se posèrent sur la Robinson Crusoé n°2 de la journée, Hellä la guerrière ressemblait à présent plus à...

... Hellä la petite bergère, prête à sauver la brebis égarée. Mais la sauver de quoi ? D’ailleurs, est-ce qu’elle avait seulement un problème en fait ? Mieux valait poser la question plutôt que d’attendre une nouvelle fois comme une cruche quelque chose qui n’arriverait pas. L’épisode dramatique du petit ami lui avait largement suffit.

Elle se pencha alors gracieusement sous le nez de la jeune femme, lui décocha un sourire ravageur et…

… arracha sans sommation un des écouteurs dont les fils pendaient depuis les esgourdes de celle-ci.

- Konnichiwa. Watashi wa Hellä. Et merde… fais chier le japonais ! J’ai eu ma dose avec l’autre salaud. Scheise… quelle langue tu peux bien baragouiner toi ?

Clignant des yeux plusieurs fois de suite, ce qui eut pour effet de lui donner le style biche effarouchée, elle s’interrogea rapidement sur le choix de la langue à adopter. Penchant légèrement la tête une fois à droite, une fois à gauche, encore à droite, temps d’arrêt, gauche droite gauche… elle opta pour l’anglais. La pointe d’accent allemand qu’elle s’était toujours refusé à perdre se glissa dans les syllabes alors prononcées.

- What the fuck are you doing here, sitting on your ass like an homeless?

Une... clocharde.

Voilà entrée en matière des plus charmantes. Le sourire dont elle ne s’était toujours pas départie atténuerait peut-être le caractère éventuellement un peu trop familier d’un tel salut. Ou bien la loi du karma allait-elle s’appliquer et Miss Von Murdertits se prendrait-elle à son tour un magistral soufflet en provenance directe de l’inconnue qu’elle venait d’harponner avec tant de politesse ?

Suspens.

Invité

Oh ben ça alors, la terre tremble...

La musique à fond dans les oreilles, pour une fois pas un quelconque groupe allemand comme Rammstein mais la douce musique Limp Bizkienne entrain de lui hurler qu'il veut la bouffer vivante, Dode remarqua avec un petit moment d'étonnement que la place où elle se trouvait et qui était précédemment dérangée par les va-et-vient incessant des personnes entrant et sortant de l'aéroport plus ou moins précipitamment, se trouvait désormais dans un calme presque total.

Enfin, elle le remarqua mais s'en ficha totalement... Après tout notre chère musicienne n'est pas du genre à se poser des questions existentielles et si désormais elle peut enfin éviter les coups de pieds accidentels qui depuis tout à l'heure lui donne envie de se jeter sur le premier mollet qui passe pour le bouffer elle ne va pas s'en plaindre !

Par curiosité, peut-être aurait-elle dût arrêter sa musique l'espace d'un instant... Aurait retentit à ses oreilles la charge d'un taureau portant des bottines à talon et se dirigeant droit vers elle... Mais nan, elle était beaucoup trop occupée à ruminer sa stupidité mentalement. En effet, elle avait de plus gros problèmes à s'occuper maintenant: Elle était partie au Japon sans guide touristique et en ayant même pas apprit quelques mots de survie... L'adresse de son cousin, maintenant qu'elle y pensait, était aussi écrite en allemand mais est-ce qu'un taxi japonnais d'ici saurait l'amener au bon endroit ? Et de toute manière, accepterait-il le billet de 20 euros qu'elle lui tendrait en guise de paiement...

Hmmm pas sûr...

Poussant un soupir de découragement, la jeune femme ferma les yeux et renversa légèrement la tête en arrière. Tiens, pour une fois elle maudissait le flegme caractéristique de sa famille dans ce genre de circonstance... En effet ses parents, tout bon éducateurs hippys qu'ils soient, lui aurait plutôt conseillé de se poster dans la forêt la plus proche -y'a des forêt à Tokyo ?- et de rester immobile pendant oh au moins 1 an en attendant que la mousse pousse du bon côté et lui indique le nord, meilleure façon de se repérer quand on est perdu...

..... Oui ses parents étaient franchement les meilleurs parents dont elle puisse rêver mais niveau raisonnement logique, ils avaient encore quelques trucs à apprendre... Simple conseil, hein ?! C'était pas non plus une critique.

Au moins eux ils avaient deux sous de jugeote... Et ils ne paniquaient jamais. Dans certains cas c'étaient assez plaisant... Dans d'autres, ce genre d'état pouvait aussi être mortel... Comme la fois où elle avait faillit se noyer et que son père c'était contenté de s'accroupir à côté de la piscine en lui murmurant de laisser son moi intérieur animal prendre le pas et la guider dans sa nage vers la survie.

Heureusement que le voisin avait été là pour plonger et la sauver...
Son animal intérieur devait être un chat, avait décrété son père.
Si tu le dis papa...

"Im sorrrrrrrrrrryyyyyyyyyyy... so sorrrrrrrrrrrrryyyyyyyy
Damn you're

... You're... hot... Mais... MAIS ????
Qui a arrêté la musique ?
Euh non arraché l'écouteur....

Ouh là....

Dode ouvrit les yeux, les sourcils froncés, se demandant bien qu'elle était le connard/la connasse qui avait osé la déranger dans son instant Proust sans madeleine... puis déglutit fortement en voyant le visage fardé faussement doux qui la fixait droit dans les yeux à quelques centimètres à peine de son propre visage.

.... Cheveux roses..... Maquillage noir.... Sourire étincelant....

Elle avait atterrit à Tokyo hein pas en Enfer quand même...

Dode se demanda ce que la jeune femme -oui c'était bien une jeune femme bizarrement... enfin le petit coup d'oeil sur le corps (miam) de celle qui venait de la déranger lui affirmer qu'en effet c'était une (jolie) femme- lui voulait... Elle n'avait pas les traits typés japonais mais elle se rappela d'un documentaire sur ces asiatiques qui payaient cher pour avoir les yeux des européennes.... Ouais mais même, elle avait vraiment pas l'air made in Japan celle-là...

- Konnichiwa. Watashi wa Hellä.

..... Euh.... Bonjour madame...

- Et merde… fais chier le japonais ! J’ai eu ma dose avec l’autre salaud. Scheise… quelle langue tu peux bien baragouiner toi ?

.............. Le regard que Dode eut envers elle pouvait peut-être être comparé à celui qu'un gosse pose quand il aperçoit le père-Noël au magasin où il vient faire les courses avec sa mère....

Non non ses oreilles ne l'avaient pas trompé... C'était de l'allemand....
DE L'ALLEMAND !!!
Elle avait pas atterit à Tokyo ou en Enfer mais AU PARADIS !!!

Tellement éblouit par cet ange descendu des cieux pour la conduire enfin vers la lumière au bout du tunnel en lui murmurant des par... Euh elle digressait. On va s'arrêter à "tellement éblouit par cet ange descendu des cieux" sinon le flic qui lorgne la scène juste à côté des deux jeunes femmes et qui s'apprêtait à engueuler Dode pour son immobilité gênante en plein milieu de l'aéroport allait croire qu'elle venait tout juste de se fumer un joint pour fêter son arrivée....

Donc: Tellement éblouit par cet ange descendu des cieux, Dode ne pensa même pas à répliquer dans sa langue natale, trop occupée à la dévorer des yeux, les mains jointes comme pour une prière de remerciement envers un quelconque Dieu. Ce qui ne sembla pas déranger la dénommée Hellä puisque cette dernière continua de la regarder avec l'expression d'une biche toute douce qui vous fixe l'air de se demander si vous allez essayer de la bouffer comme le chasseur précédent...

Un véritable ange avec une gueule à la Marylin Manson croisé avec Jack l'épouvantail...

Après un instant de silence passé à l'examiner, sa tête allant d'un côté et de l'autre d'une manière que Dode jugea enfantine mais qui allait bien à cette étrange énergumène sexy, la jeune femme continua, optant cette fois-ci pour l'anglais:

- What the fuck are you doing here, sitting on your ass like an homeless?

La jeune femme souriait et Dode essaya un instant de ne pas s'attarder dessus pour comprendre la phrase qu'elle venait de prononcer... Ouais, elle avait "quelques" notions d'anglais, elle savait pas non plus le baragouiner par coeur....

What the fuck... Héhé CA elle connaissait.

Are you doing here... Ben... Elle attendait ma foi.

Sitting on your ass... Et puis d'abord elle était pas assise sur son cul mais sur une va-lise !

Like an homeless... Euh.... Elle venait pas de la traiter de clocharde ?

Dode eut une moue sceptique mais dans le doute décida de ne s'attarder que sur le début de la phrase, répondant en allemand par habitude, sans la quitter des yeux.

Oh toi mon messie...

- Hallo! Ich bin Dode...

.... Euh, vaudrait mieux se contenter de "Dode" pour l'instant, après tout la jeune femme ne lui demandait pas non plus sa carte d'identité... Et courir le risque de tomber sur la seule fan japonaise connaissant The Hermitt, très peu pour elle... Surtout que l'autre donzelle parlait la langue...

- Ich komme aus Deutschland und ich spreche nicht japanisch... Ich bin verloren. Könntest du mir helfen, jemanden wiederzufinden? Ich habe eine Adresse aber sie ist auf deutscher Sprache geschrieben... Und ich habe kein japanisches Geld auf mir, um das Taxi zu bezahlen...

La tirade allemande fut ponctuée d'un sourire éblouissant colgate assaisonnée d'un petit regard charmeur... Même sur les hétérosexuelle, ça marchait assez pour qu'elles la prennent en pitié et la conduisent où elle voulait... Et pour l'instant son but premier c'était de rejoindre la baraque à Ikaru et de squatter un temps...

Finalement, sa mère avait raison sur certaines philosophies... Quand on était dans le pétrin, on avait qu'à se poser et la chance prenait enfin pitié de vous... Pour l'instant, tout ceci c'était avérait juste pour Dode... Enfin, chance ou pas de sûr, elle n'était pas assez responsable pour pouvoir se démerder seule mais tout ceci était compensé par une bouille de Gavroche adorable ce qui l'aidait souvent... Du moment où elle fermait sa gueule, les gens la trouvaient généralement assez mignonne pour lui donner un coup de main...

C'était après qu'ils voyaient enfin le véritable visage de la "chose" qu'il venait de rencontrer et d'aider...

Nan nan, elle n'était pas terrifiante mais... euh... assez troublante... Et puis franchement, quand vous allez dans une région que vous ne connaissais pas et que vous remerciez le gars qui vous a gentiment hébergé par une fête avec seulement des lesbiennes.... Ca laisse des traces.
Mais Dode ne s'en rendait pas vraiment compte, elle était sans cesse persuadé qu'elle faisait les bonnes choses pour remercier les gens... Et pour l'instant personne n'avait osé la détromper...

Ses parents ? A votre avis, elle tenait ce comportement de qui, hein ?
Ahhh les méfaits de certaines éducations...