- Transaction -

C'était la nuit.

23h00, le voile opaque de l’encre stellaire sortait doucement de son écrin de ténèbres, assombrissant le ciel teinté encore des derniers vestiges lumineux de la métropole tokyoïte. Il faisait plutôt frais, et la voûte céleste était masquée par un plafond de nues ternes et lourdes, annonciatrices d’averses prochaines.

Au siège de la famille Sensu, Sakurada Makoto était sur les nerfs. Pas beaucoup, puisqu’elle n’en était plus à sa première mission au sein du clan, mais lorsqu’on sait que des dizaines d’existences et de secrets vous sont assignés, et qu’il faut les protéger et les défendre dans le plus scrupuleux code établi, on sent peser sur ses épaules une terrible pression. Plus encore que la torture, la coupe de doigts ou la mort, ce qui effrayait la Wakagashira était de perdre l’estime qu’avaient en elle, semblait-il, les membres de Sensu, Oyabun surtout compris. C’est pourquoi elle se devait d’être intraitable, rigoureuse, professionnelle. Devant le grand miroir de ses appartements, elle acheva de se préparer et se mira d’un œil critique: ensemble noir moulant et discret, œil vif, cheveux soyeux. Parfait. Ses habituels katana en argent pendaient à ses oreilles; dans la lueur tamisée d’une petite halogène, ils brillaient d’un éclat luisant.
La transaction devait se dérouler ce soir, mais il pouvait parfaitement y avoir des imprévus. Avec un bref soupir, Makoto s’empara d’un paquet de pastilles à la menthe et en glissa une dans sa bouche; avec un dernier regard pour son oyako sakazuki, elle sortit de la pièce puis du bâtiment, se dirigeant vers le parking plongé dans l’obscurité pour enfin s’engouffrer dans sa voiture, une nissan classique d’un noir lustré.

Quelques minutes plus tard, comme elle l’avait pressenti, son téléphone portable s’alluma en vibrant. La jeune femme décrocha et porta l’appareil à son oreille, pour entendre aussitôt la voix de Sawada-dono:

-Moshi-Moshi... Sakurada-sama... c'est Sawada... la transaction devra avoir lieu ailleurs et je ne pourrai pas y être... alors occupez vous en... ja mata...

Makoto approuva, puis raccrocha sur ce court entretien avec le Saïko-komon. Elle ne savait pas avec exactitude ce qu’il s’était passé mais devinait sans mal que seule l’intrusion de flics dans le casino royale avait pu résoudre Sawada à changer de lieu pour la transaction –encore plus si celle-ci devait se dérouler sans sa présence, alors qu’habituellement, la jeune femme pensait cela sans se tromper, il aimait bien superviser les affaires.
La Wakagashira passa deux ou trois autres coups de fil à des subordonnées puis introduisit les clés dans le contact de la nissan qui rugit, puis démarra. Puisque le casino n’était plus un lieu approprié désormais, l’échange se déroulerait aux docks. La voiture de Makoto roula sans bruit dans la nuit, ses pneus glissant silencieusement sur l’asphalte. Lentement, elle s’éloigna du centre de la ville, laissant derrière elle le bruit, les néons, les rames de train, les jeunes vociférant, quittant sans regret cet électrochoc généralisé pour un endroit plus calme, bercé de senteurs iodées et de poignées de mains hypocrites. C’était encore sur le port, qu’était le plus sûr endroit pour des commandes privées telles que celles des yakusa. Et même si Sakurada répugnait à traiter avec ces sales obèses américains, elle devait au moins reconnaître que le lieu était sécurisé.

Elle parvint au point de rendez-vous une dizaine de minutes plus tard, dans un endroit reculé et peu éclairé, entre les silhouettes immenses des bateaux de marchandise et des ferry pleins d’odeurs de saumure. Au pied d’un entrepôt désaffecté, elle gara sa voiture et coupa le contact; elle était arrivée la première, un peu en avance, fidèle à son habitude ponctuelle et même, prévoyante. Il ne lui suffirait de patienter que quelques minutes pour voir les premiers véhicules (logiquement, d’abord ceux de ses subordonnées du clan Sensu et ensuite ceux des américains) apparaître au bout du quai.

shingao Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 14/04/2008

Une nuit à Tokyo pour notre Gaijin, ce n'est pas la première fois qu'il y met les pieds ça c'est sûr. Assis dans sa grosse voiture américaine qui consomme excessivement trop, monsieur McIlroy, fume son cigare tranquillement en compagnie de deux de ses hommes de mains. Alors qu'il est assis sur la banquette arrière de la voiture, ses hommes eux sont assis en avant. Il relaxe, confiant que la transaction ce fera sans aucun problème, c'est sans doute son gros égo d'américain qui parle. Des vieilles chansons des Beatlles forment la trame sonore d'ambiance dans la voiture alors que monsieur McIlroy, assis très confortablement, discute avec Tony, un de ses hommes, c'est celui qui est assis côté passager dans la voiture.

Que dire de monsieur McIlroy, il est un riche homme d'affaire, du moins c'est ce qu'il dit. En réalité, il s'agit d'un trafiquant d'armes qui s'en met pleins les poches en exportant en orient. Ce soir, il fait affaire avec la famille Sensu. Apparemment, notre protagoniste doit rencontrer un certain Sawada Kioshi... et une Sakurada Makoto. Il y comprend vraiment rien aux japonais et à leur manière de présenter les gens d'abord par leur nom de famille puis ensuite par leur prénom, pour lui c'est quasi du chinois tout ça. Ce dernier est dans le début de la quarantaine, quarante-trois pour être un peu plus précis et si il continue son rythme de vie, il ne vivra pas bien vieux. Fastfood, gros cubain et de la bonne bière, c'est généralement sa diète, ce qui explique le fait qu'il semble un peu plus âgé qu'il l'est réellement et qu'il possède un surplus de poid. Pour un businessman, monsieur McIlroy n'a pas exactement le profile typique qui va avec. Le complet ne lui va pas super bien... surtout la cravate.

Enfin, ne nous attardons pas excessivement sur une description physique de ce dernier pour l'instant. L'heure du rendez-vous était proche, notre protagoniste se dirigeait vers les docks. N'allez pas croire que lui et ses deux hommes étaient les seuls! Il y a un autre voiture comprenant quatre autres hommes de mains de McIlroy, avec des Yakuza ont est jamais trop prudent. Ils disent qu'ils sont des gens possédant de l'honneur, mais McIlroy ne fait pas confiance à personne... quand il y a de l'argent en jeu, l'honneur peut avoir la même valeur que de la merde de vache. Lui et les principes de Japonais, disons qu'il n'est possède pas les mêmes principes. Tant qu'il y a de l'argent à faire, c'est ce qui importe. ''Bring the cash baby'' comme il le dit si bien lui-même avec sa grosse voix.

Une fois arrivé au Dock, il ce rendit compte que les Yakuza était là avant lui... ils sont plus que ponctuel eux. Enfin, les voitures des hommes de McIlroy se stationna, Tony descendit le premier et ouvrit la portière pour son patron qui sorti de la voiture avec un peu de difficulté. Il faut quand même l'excuser, le fastfood lui a donner un de ses ventres. Toujours avec le gros cubain en bouche, il regarda autour de lui, puis le pris dans sa main droite tout en se dirigeant vers les Yakuza. En anglais, avec on gros accent Américain, il s'adressa à Sakurada.

''Hello ma jolie! Dit moi, il est passé où ton chéri?''

Ma jolie? Il est où ton chéri? D'abord appeler la Yakuza ma jolie n'est sans doute pas la chose la plus galante, mais la galanterie, il ne connait pas ça lui. Enfin, sa ''galanterie'' est plutôt grossière. Et par ''Il est où ton chéri'' il faisait référence à Sawada Kioshi. Vous vous demandez surement comment il fait pour savoir qui ils sont, c'est tout simplement parce qu'ils ont déjà fait affaire dans le passé. Disons que leur attitude est très différente de celle de McIlroy. Enfin, c'est avec un gros sourire aux lèvres qu'il s'approcha de la Yakuza, prenant une dernière bouffée dans son gros cubain pour le balancer sur le sol et ensuite l'écrase avec la pointe de sa chaussure. Il s'adressa à nouveau à la Yakuza.

''Dit moi pas que ton chéri t'as abandonnée, c'est pas bien de faire ça à une si jolie demoiselle héhé''

Bon, il est très probable que son attitude soit déplacé, mais il s'en fout un peu. Devenu un peu plus sérieux, juste un peu, il demanda à Tony d'ouvrir une valise qu'il avait en main depuis le début de la soirée. Elle contenait un échantillon du produit qu'il offrait.

''Amène le blé et c'est à vous... un beau AR-15, confection Américaine! Et Desert Eagle, fait en Israël ma jolie, c'est du beau calibre ça''

Makoto n’eut pas à attendre bien longtemps. A peine une minute après son arrivée, tandis qu’elle commençait à peine à frissonner dans l’air vif de la nuit contrastant avec la chaude atmosphère de sa Nissan, elle vit se profiler au bout du quai les lueurs inquisitrices de deux paires de phares qui brillaient d’une pâle lumière. Quelques secondes plus tard, des voitures d’un noir lisse et laqué, aux vitres fumées et à l’aspect neutre, se garèrent à son côté pour laisser sortir cinq de ses subordonnées de Sensu, tous en complet, avec l’aspect rigide et formel qu’ont seuls les hommes d’affaires, encore plus si ils sont impliqués dans quelque chose de très sérieux. La Wakagashira les accueillit en échangeant quelques mots et ils se déployèrent aussitôt à son côté, adoptant des places plus stratégiques qu’elles n’en avaient l’air, laissant à Sakurada le total monopole de la place la plus avancée. Trois minutes s’écoulèrent encore, teintant la nuit déjà discrète d’un silence de plomb.

Makoto commençait à se demander si les américains n’avaient pas eu un problème avec le décalage horaire, quand deux grosses voitures étrangères, le genre qui consomme 10 litres au 100 et qui coûte des années de salaire, firent irruption à l’autre bout du quai en se suivant. La jeune femme prit son inspiration et patienta tranquillement le temps que les véhicules se garent à quelque distance et ne laissent sortir 7 hommes, dont l’identité du meneur ne faisait aucune doute: le gros du milieu, avec son énorme cigare en main, qui commençait à prendre de la bouteille et avait sérieusement débuté sa période de calvitie. Elle maintient une attitude excessivement rigide quand McIlroy s’approcha d’elle et de ses hommes, s’adressant à la Wakagashira dans un accent à couper au couteau. A ces paroles, Sakurada se crispa; elle aurait dû s’attendre à quelque approche de ce genre, et manqua de répondre par un «salut mon gros» qui, après réflexion, aurait pu avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi elle se retint et lança en anglais, avec un léger accent nippon et un demi-sourire carnassier:

"Ne t’en occupe pas. C’est avec moi que tu deal ce soir."

Makoto soutint son regard sans sourcier, plongeant ses yeux d’un bleu acier dans les prunelles de l’américain qui venait de jeter son gros cigare et de le piétiner consciencieusement, comme si il avait eu affaire à quelque insecte particulièrement dérangeant. Si il n’y avait pas eu cette transaction, elle aurait sûrement pu remettre cet obèse à sa place pour avoir osé la tutoyer ou lui parler aussi familièrement; mais après tout, qu’importe, ce n’étaient que des mots, et son âme comme son corps étaient prêts à subir tous les sévices si cela pouvaient servir les intérêts de Sensu-dono.
Derrière elle, Sakurada sentit ses hommes attentifs, tous comme ceux de McIlroy qui, comptage effectué, s’étaient révélés plus nombreux; mais les américains étaient sur leur terrain, et le gros businessman ne comptait pas vraiment dans l’hypothèse d’un conflit. Sa bedaine ne lui aurait sans doute même pas permis de pouvoir sortir correctement son flingue de la poche de son pantalon, pensa t-elle sans l’ombre d’un sourire.

"C’est pas parce que tu le vois pas qu’il est pas là" fit-elle d’un ton lourd de sous-entendus, prenant aussitôt l’attitude convaincante et légèrement menaçante de quelqu’un qui ne se laisse clairement pas marcher sur les pieds.

Depuis tout à l’heure, elle observait du coin de l’œil la valise que tenait le second de McIlroy à la main; quand celui-ci l’ouvrit afin de lui faire bénéficier de la vue des produits importés avec commentaires en prime, Makoto s’approcha de quelques pas afin de mieux voir. A n’en pas douter, c’était de la belle marchandise; malgré leur proéminence et leurs odieuses manières, les transactions avec ces américains n’avaient jamais donné lieu à des plaintes, et les armes d’un noir luisant brillaient sous la lueur pâle de la lune. La Wakagashira, bien que ses yeux fussent toujours fixés sur le contenu de la valise, ne perdit pas une miette de ce que disait le businessman. Après quelques secondes de contemplation silencieuse, elle se recula.

"Je vois ça. Fait moi voir le reste de la marchandise, pas seulement un échantillon, et le blé est à toi" déclara t-elle en faisant un signe de la main par dessus son épaule.

Sur son ordre, un homme de Sensu s’avança et ouvrit une grande mallette, faisant apparaître de beaux tas bien rangés de dollars américains qui arboraient leurs fins papiers comme autant de montagnes d’or.

shingao Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 14/04/2008

Notre gros Américain ne put s’empêcher de sourire à la Japonaise. Il semblait prendre tout cela si légèrement alors qu’elle semblait, pour lui, être trop coincé. Le premier songe qu’il eu en voyant à quel point Sawada et Sakurada ne semblaient pas être détendu lorsqu’il fit leurs rencontrent pour la première fois fut « Heh bien, la vie au lit doit pas être très palpitante avec la gueule qu’ils ont », alors qu’il ignore complètement si ils forment un couple ou non. À vrai dire, il s’en fout pas mal. En voyant à quel point la yakuza est toujours coincé, il eut quasi le goût de lui faire voir un vrai mec. D’accord pour certain monsieur McIlroy n’est pas l’homme qui possède le plus de charme. Un bedonnant monsieur qui devrait naturellement suivre une petite diète, mais bon vous ne le trouvez pas un peu charismatique malgré son apparence un peu grasse? Allez, revenons en aux affaires, car là n’est pas le moment de délirer.

Il regardait la Yakuza, alors que ses hommes eux ne décrochaient pas leurs regards des hommes de mains des Japonais. Ce n’est pas qu’ils ne leur font pas confiance, mais dans ce monde mieux vaut avoir une certaine longueur d’avance sur les autres. Bien que cela fait plusieurs fois que les transactions ce font entre les deux, il reste tout de même un certain doute, car comme le dit si bien le dicton « surveillez vous ennemies de près et vos amis d’encore plus près ». De toute évidence, McIlroy n’est pas l’ennemie des Yakuza, mais plutôt leur charmant ami Américain, celui qui leur fournit les magnifiques armes. De plus, lorsqu’elle fit ce magnifique sous entendu avec ce fameux « Ce n’est pas parce que tu ne le vois pas qu’il n’est pas là », il eu craint durant un instant qu’il s’agissait d’un coup monter. Puis il se dit qu’un coup monter comme ça par des Yakuza, ce serait ridicule, surtout que la famille Sensu est une famille apparemment dite très honorable. Ils ne sont pas exactement du genre planifié des trahisons tordus dans ce genre là. C’est ce qui fait un peu en sorte pourquoi McIlroy aime bien faire affaire avec eux, ils sont fiables.

Après lui avoir montré l’échantillons, elle souhaitait à présent voir le reste de la marchandise. C’est plutôt normal, qui veut acheter en voyant qu’un simple échantillon, ce n’est pas du parfum qu’il vend là mais des armes à feu. De plus, la Yakuza n’a sans doute pas besoin de parfum, car même si l’odora de notre protagoniste est un peu endommagé, il arrive tout de même à sentir plus ou moins le léger parfum de cette femme. Il lui sourit donc.

« Si la jolie petite dame veut bien me suivre »

Il fit demi tour et fit signe à un de ses hommes d’ouvrir le coffre d’une des voitures. Le nom de l’homme de main en question ne fut point mentionné, cependant il savait très clairement que c’est à lui que le patron s’adressait avec ce signe de la main. Il guida donc, avec une certaine lenteur, la jolie petite dame jusqu’à la voiture. Il faut lui pardonner, avec son poids, il n’est pas pour courir un marathon, ce serait que trop mauvais pour son cœur. Il se rendit donc en marchant, si ce n’était pas que le sol était en béton, il aurait été possible de le sentir vibrer sous les pas de McIlroy.

« Alors voilà pour vous, vos jolies bijoux »

Il lui sourit tout en cherchant dans la poche de sa veste un second cigare qu’il alluma après avoir trouver. Une fois de plus, il ressemblait à une très grosse locomotive à charbon. Le cigare entre les lèvres. Il marmonnait un peu, mais fut tout de même compréhensible.

« Alors, ça vous plais? Allez ma jolie, sors le pognons, je te ferais bien un meilleurs pris puisque t’est plutôt mignonne, mais les affaires sont les affaires »

Il pris le gros cubain entre ses doigts et ne quitta pas la Yakuza du regard. Même avec son physique, McIlroy essayait tout de même de jouer les gros séducteurs décrochant un léger sourire pour elle.

Le deal était lancé. A présent, plus question de se raviser: il fallait poursuivre l’échange jusqu’au bout, ou jusqu’à ce qu’il tourne à la catastrophe, si cela venait à se produire. La Wakagashira ne l’espérait en aucun cas; ce n’aurait pas du tout été dans leurs intérêts à tous, et encore moins dans celui de Sensu-dono. L’apparente (ou non) décontraction de McIlroy et le mutisme sombre de Sakurada ne cachaient en réalité qu’une situation à l’ambiance finement électrique, dans immobilité parfaite mais pourtant prête à bondir au moindre détail qui sortirait du droit chemin. Ils n’avaient jamais eu à ses plaindre des services et de la qualité des armes vendues par les américains mais, comme le gros homme le pensait si justement en cet instant, il fallait mieux se méfier de ses propres amis.

Devant le sourire, ou plutôt les sourires à répétition, que McIlroy ne semblait pouvoir s’empêcher de lui lancer, Makoto resta de marbre. Malgré la fraîcheur de la nuit, elle avait plutôt tendance à avoir chaud, son rythme cardiaque un peu accéléré maintenant le reste de son corps à bonne température. Devant cet homme gros, âgé et très extraverti, elle faisait figure de petite brune maigrichonne qui ne disait mot, et il devait la prendre pour une fille sacrément coincée…

Sakurada, coincée? Oui, c’était le cas de le dire. Non seulement coincée, mais aussi très méticuleuse, très discrète, et plus formelle encore. Elle avait appris par expérience que, pour s’imposer dans un milieu, il fallait être soit très conforme au modèle prescrit soit très exubérant; et compte tenu de la nature de la société mafieuse dans laquelle elle évoluait et de son propre caractère, elle avait choisi directement la première solution. Alors que cela semblait être, justement, exactement l’inverse pour McIlroy qui, outre ses manières peu polies, faisait tout de même preuve d’un charisme non-négligeable. Certains trouvaient cela charmant, d’autre particulièrement dérangeant; Makoto elle, s’en fichait pas mal, et tant que les personnes avec qui elle échangeait étaient compétentes, leur genre lui importait peu. Egalement par expérience, elle avait appris qu’il ne fallait en aucun cas se fier à l’apparence, mais plutôt à l’instinct qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est quelque chose de beaucoup plus profond et révélateur, surtout pour ceux qui ont appris à s’en servir, contrairement aux strates majoritaires et superficielles de la société.

Mais revenons aux affaires. Sur les propos de l’américain qui la conviait à le suivre, Makoto s’exécuta sans un mot, marchant dans les pas de l’homme dans se plaindre aucunement de sa vitesse. Elle ne se plaignit pas non plus quand il alluma à côté d’elle un autre de ses gros cubains qui dégagent plus de fumée que de satisfaction, se contentant de jeter un coup d’œil à ses subordonnées attentives restées légèrement en retrait, et un autre plus intéressé encore au contenu du coffre qu’un des hommes de main de McIlroy venait d’ouvrir. De la belle marchandise, à n’en pas douter. Elle se permit, avec des gestes lents et précautionneux pour ne déclencher aucune fausse alerte et montrer ses intentions pacifistes, de saisir un AR-15 et de le manipuler délicatement, sa couleur noire et chromée brillant sous la lune. Satisfaite, elle reposa l’arme à sa place dans le coffre et regarda McIlroy, qui venait une fois encore de lui lancer un de ses sourires avec une belle tentative de séduction. Bon, puisqu’apparemment il n’y aurait pas de problèmes ce soir, elle s’autorisa un sourire, chose excessivement rare.

"C’est trop aimable! Mais, oui, les affaires sont les affaires. Parfait, amène la marchandise, le blé est pour toi."

D’un signe explicite, entre les Japonais uniquement bien-sûr, de la main, la Wakagashira indiqua à ses subordonnées la suite des opérations. Tout de même méfiante, elle continua à fixer l’américain de ses yeux gris acier tandis que ses hommes apportaient deux mallettes anthracites à ceux de McIlroy, et qu’ils s’apprêtaient en retour à recevoir les armes dûment acquises. C’était maintenant que tout se jouait. Les américains allaient-ils respecter leur part du contrat sans faire d’histoires?

shingao Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 14/04/2008

Alors c’est parti, la transaction ce fait, notre gros monsieur avec son magnifique cubain entre les lèvres marmonne quelques ordres à ses hommes de mains afin qu’ils sortent de leur petite cachette la jolie marchandise qu’il réservait pour la famille Sensu. Il doit l’avouer, ce fut toujours un plaisir de faire affaire avec eux, bien que normalement les deux protagonistes avec qui il fait affaire sont plutôt enfin… plutôt peu joviale, surtout le monsieur Sawada ou un truc du genre… enfin la raison que sa collègue était sans doute moins étrange est sans doute parce que notre monsieur McIlroy la trouve plutôt mignonne. Bah quoi, il doit l’avouer, il possède un petit faible pour cette jeune demoiselle, comme la plupart de ses hommes d’ailleurs… si vous pouviez entendre les commentaires qui s’échangent entre eux… à en tacher presque l’honneur de Sakurada.

Ah quelle magnifique soirée, l’odeur de la transaction, soit le parfum d’un gros cubain, du blé et d’armes importés illégalement aux Japon, une magnifique soirée en effet. Avec son typique gros sourire, McIlroy observa la transaction, s’assurant que le petit nouveau chez ses hommes de mains ne foirent pas son coup. Oui, un de ses hommes de mains c’est fait descendre il y a quelques semaines, donc il du en prendre un nouveau pour ses transaction, cela fait très peu de temps qu’il est dans le groupe et les autres le taquine souvent. Ils vont faire de lui un homme, un vrai! Un homme comme McIlroy… avec quelques kilos en moins, mais un homme qui a le sens des affaires et qu’il possède un certain respect pour le groupe et son leader.

Bref, tout semblait ce faire dans l’ordre, comme prévu c’est donc parfait selon notre spacieux protagoniste. Avec un peu de chance, ils auront fini un peu plus tôt que prévu. C’est ce qui arrive quand tout ce déroule à merveille. Le temps que les affaires ce fait, dans son grand charisme, McIlroy s’approcha de Sakurada et avec un gros sourire, dans la plus grande élégance qu’il puisse se le permettre il s’adressa à la Yakuza.

« Eh bien… tout semble bien aller… mais ce serait triste que tout ce termine après la transaction… non? »

Attention! Ice Berg! Non mais c’est évident qu’il essai de la séduire ou bien de l’inviter à faire on ne sait quoi encore… tien écoutons ce qu’il a à dire, on le sera ainsi n’est-ce pas?

« J’ai pensé, si cela vous dit… manger un petit morceau en tête en tête… si vous hommes de mains souhaitent venir… ils s’installeront en arrière plan tout comme les miens… »

Il lui décrocha un sourire… étant le plus charmant qu’il puisse être malgré ses kilos en trop et son manque de beauté physique. Enfin il voulait l’inviter au restaurant… c’est tout… pour l’instant du moins… car un homme de sa stature… n’est pas exactement un ladies man, sauf dû au fait qu’il est plein aux as… c’est ainsi qu’elles s’intéressent à lui généralement, mais bon, il tente sa chance avec la Yakuza, ont sait jamais… de plus l’autre monsieur n’est pas là.