Retour aux sources [PV Iris]

Encore et toujours les affaires...

"En route jeune fille!"

Et ni une ni deux, veste sous le bras, sourire un brin gourmand et facétieux aux lèvres, l'éternel amateur de cuisine raffinée et de bon vin s'était chargé d'ouvrir tout d'abord la porte du bar branché puis celle de la portière de sa voiture à la charmante jeune fille chargée d'égayer un peu son morne séjour. Quelques minutes plus tard et quelques kms de plus affichés au compteur de sa petite coccinelle décapotable, et voilà le shingiin qui débarquait dans l'un de ses restaurants favoris de la capitale japonaise. Le serveur, habitué à le recevoir parût surpris en le voyant accompagné, mais ne se permit aucune remarque ni commentaire... déjà ils étaient dans un endroit classieux et qui se devait de maintenir son image sobre et élégante, mais ensuite Ikaru faisait toujours en sorte de maintenir entre lui et les autres une certaine... distance de courtoisie, une espèce de respect froid et poli... D'accord je vous apprécie... mais de loin hein.

Guidés donc par un jeune homme vêtu avec un certain chic (pour sa condition s'entend), l'avocat et l'escort-girl avaient failli prendre place à une table nichée dans un joli coin, légèrement à l'écart, caché par quelques plantes... jusqu'à ce que l'employé remarque le léger haussement de sourcil du shingiin... et comprendre qu'il s'était trompé: si leur client fidèle ne ramenait jamais personne, ce n'était pas pour cause d'être particulièrement pudique... mais bien parce qu'il n'avait personne. Il se dirigèrent donc vers un coin tranquille sans être pour autant particulièrement romantique, et Ikaru se fit la réflexion qu'il donnerait un bon pourboire au serveur pour avoir correctement interprété sa réaction. Intelligent ce garçon, ça le changeait de ses congénères.

"J'espère ne pas me montrer particulièrement indiscret, et d'ailleurs arrêtez-moi si quoique ce soit vous gêne dans mes questions... Mais vous disiez tout à l'heure éprouver une certaine nostalgie pour la cuisine française depuis le départ de votre pays, nostalgie qui je pense se trouvera au moins partiellement guérie grâce au talent du chef, il est particulièrement doué, et pourtant les kamis savent combien je suis difficile en matière culinaire... Bref. J'en conclus donc que vous avez également des origines européennes?"

Ce qui ne serait que pour confirmer sa première impression, relative au physique de la jeune fille. Néanmoins, il était curieux de connaître les origines précises de la jouvencelle, juste histoire de savoir s'ils ne pourraient pas échanger quelques mots en allemand. Sa seconde langue natale lui manquait parfois... Même s'il valait mieux qu'il ne l'emploie trop car... il la trouvait particulièrement érotique _je vous passe l'épisode mémorable où il avait commencé à user de ces consonances la plupart du temps jugées barbares alors qu'il se trouvait torse nu au-dessus de sa première copine également à moitié dévêtue.

Iris se leva à son tour, un sourire sur les lèvres, elle prit son sac et avança vers la sortie précédé de Tensui, la jeune femme marchait avec grâce, chaque pas faisait bouger la petite jupe de soie en rythme, vivotant autour de ses cuisses. Certains hommes les regardèrent passer, ne pouvant s’en empêcher, puis elle passa la porte tandis que l’avocat la tenait, elle le remercia, puis monta dans la voiture et il était encore la pour lui ouvrir la portière de la coccinelle de monsieur. Quel gentleman… Comportement auquel on devait s’attendre venant de l’avocat. Elle lui sourit et se laissa mener jusqu’au restaurant.

Un serveur regarda la jeune femme intrigué durant un instant mais n’émit aucun commentaire. L’escorte ne fit pas vraiment attention, elle regardait plutôt autour d’elle, c’était la première fois qu’elle entrait dans un restaurant français au pays du soleil levant. On les guida tout d’abord vers une table discrète, plutôt intime, pour ensuite les placés vers une table pour deux plus exposé. Elle s’installa, un léger sourire sur les lèvres. Faisant mine de ne pas avoir remarqué la petite bourde du serveur.

La jeune femme croisa les jambes, posa ses coudes sur la table, croisa les doigts, puis elle écouta la question de son interlocuteur, son sourire s’élargie, elle murmura doucement :

"Pour ce qui est du chef, je vous fais entièrement confiance Tensui-San… Pour ce qui est de vos questions je suis sur qu’elles ne sont pas aussi indiscrète que vous le dites…"

Le serveur apporta les cartes, Iris en prit une qu’elle ouvrit délicatement, elle observa la carte tandis que le serveur s’en allait elle reprit :

"Ce n’est pas un secret, je suis Franco-allemande, mon père était allemand et ma mère une jeune française visitant le beau pays. Il s’est proposé pour lui faire visiter les environs comme un vrai gentleman… Un peu comme vous Tensui-San."

Oups, une nouvelle fois elle le taquinait. Iris écarta quelques mèches qui retombaient sur son visage et continua :

"Ils se sont rencontrer à Köln, la ville de l’eau de Cologne et de la maison du chocolat, enfin d’après ce qu’ils m’avaient dit ils s’étaient bien amusés c’est l’essentiel…"

Mais pourquoi elle lui disait tout cela, en quoi cela pouvait intéresser un avocat ? Elle se sentait peut être un peu trop en confiance avec le jeune homme, tout du moins à son goût. Enfin cela ne pouvait pas lui faire de mal, il n’est pas dit qu’il se révérait. Elle rit doucement, posa son regard sur Tensui, puis dit doucement :

"Excusez moi Tensui-San, ce genre d’anecdote ne sont pas très intéressante… J’ai donc vécu en France, je parle très couramment la langue, contrairement à l’allemand que j’ai apprit à l’école, je parlais de temps à autre avec mon père, mais mon allemand reste encore rudimentaire…"

Elle reposa son regard sur la carte et dit doucement un sourire amusé sur les lèvres:

"Voila que je recommence à radoté… Et vous Tensui-San avait vous des origines européennes ?"

Le serveur revint à leur table, il attendit un instant avant de demander :

"Êtes vous prêt à commandé ?"

La jeune femme eut un léger sourire et dit en français :

"Je prendrais la même chose que monsieur, je le laisse choisir ce soir… Je suis sur que monsieur à bon goût, donc je ne serais pas déçu."

Le serveur répondit lui aussi dans la même langue avec un accent japonais prononcé:

Bien Madame, excellent choix…
Tensui-San, que prendrez-vous ?"

L’homme s’adressa à l’avocat en japonais bien entendu, tout en se tournant vers lui attendant sa réponse.

"Oh... vous aussi êtes à moitié allemande?!"

Une surprise certaine semble se le disputer avec la joie la plus vive alors que le shingiin découvre en cette jeune étrangère une sorte de "soeur du pays". Souriant à la jeune fille, il lui répond alors avec un accent allemand assez prononcé:

"Ich bin so glücklich eine "Schwester" zu sehen."

Puis repassant au français alors que le serveur était venu les revoir, l'avocat répondit cette fois en japonais, avec toutefois des réminiscences d'allemand en ce qui concernait la diction:

"Je prendrais du foie gras avec un verre de Monbazillac en entrée, puis laissez-moi voir... Hum... j'hésite. Oh, avez-vous dans les plats du jour ces délicieux magrets de canard avec des pommes au miel que j'avais eu le plaisir de déguster tantôt chez vous?"

"En effet monsieur."

"Parfait."

"Désirez-vous un vin pour accompagner?"

"Ma foi... Je pense qu'un Chinon serait parfait pour réhabituer mademoiselle aux plats de son pays natal."

Le serveur s'inclina puis reprit les menus avant de repartir en sens inverse donner la commande aux cuisiniers alors qu'Ikaru reportait son regard vers son "invitée" et lui adressait un nouveau sourire à mi-chemin entre la gentillesse et la politesse. Il n'arrivait pas à considérer la jouvencelle comme une demoiselle payée afin de lui tenir compagnie... ç'aurait été trop avilissant et dégradant, non seulement pour elle... mais pour lui. Alors il se comportait un peu comme un frère le ferait avec une jeune soeur, nostalgique à l'évocation du pays natal...

"Ainsi vous avez été élevée en France... Je serais curieux de savoir quelles raisons vous ont menées en ce beau pays, néanmoins je doute qu'elles soient heureuses pour que vous vous retrouviez en telle situation... Je ne voudrais donc pas remuer le couteau dans la plaie en vous forçant à évoquer de mauvais souvenirs. Néanmoins, sachez que si vous avez besoin de mon aide pour quoi que ce soit, il ne faut pas hésiter... Je déteste voir une créature malheureuse ou brimée par ceux qui ont quelque pouvoir que ce soit, que ce pouvoir se décline sous forme d'argent, de force ou d'autorité..."

Un regard compréhensif, néanmoins mêlé de respect fit place alors au masque froid de l'avocat, qui s'il n'aimait pas se révéler ne se sentait pas pour autant en danger en compagnie de la jeune femme.

Certes, en sa qualité de paranoïaque, il aurait pu songer à un complot afin de lui soutirer des informations sur l'affaire principale qui le préoccupait en ce moment, à savoir la défense de Sensu-dono. Néanmoins, Minoru-san était un client civil qui n'avait rien à voir avec le milieu de la pègre, ainsi Ikaru avait peu de raisons de craindre une machination ou croire à un traquenard dirigé contre la personne qu'il était chargé de défendre aux yeux de la loi. C'est pourquoi l'ambiance, confinée dans ces rapports courtois pour le moment, n'en était pas moins relativement agréable et détendue.

Quel bonheur, entendre sa langue paternel résonner à ses oreilles, langue que tout le monde traître de barbare, alors que pour elle, c’était elle représentait Goethe, Mozart, Beethoven, et autre grand auteur et compositeur qui ont été célèbre pendant des années et qui le son encore. Quel délice d’entendre quelqu’un parler allemand après avoir parlé un peu français. Cela faisait presqu’un an qu’Iris ne parlait plus que le japonais.

"Das ist wunderbar ! Einen "Bruder" hier finden."

Dit doucement la jeune femme, un large sourire sur les lèvres, heureuse de trouver un compatriote si l’on peut dire, au Japon. Agréablement surprise par cette coïncidence. Le serveur revint, un légère accent allemand se fait entendre lorsque Tensui s’adressa au jeune homme, Iris rit doucement, un rire plutôt discrêt, amusé par la situation. La jeune femme reprit en japonnais la discution.

"C’est vraiment surprenant de trouver quelqu’un sachant parler allemand ici, le français je ne doutes pas de trouver quelque japonais sachant le parler… Mais l’allemand… Ainsi vous êtes vous aussi allemand ?! C’est vraiment amusant. "

La jeune femme s’installa un peu mieux sur son siége, un petit sourire flottant sur ses lèvres, différent des sourires polies ou à l’air passablement contente qu’elle accordait à ces clients, non s’était un vrai sourire. Ikaru reprit la parole, posant de question la concernant, bien entendu elle ne resta pas de glace, mais cela n’enleva pas son sourire pour autant. Elle resta un moment silencieuse, son verre a la main, faisant doucement tourné l’eau qui y résidait, l’observant, avant de dire doucement :

"Disons qu’offcielement je suis une lycéene, qu’il y a un echange avec mon ecole actuelle et celle de France. Ca se passe assez bien donc je ne vais pas me plaindre… J’ai besoin d’argent pour vivre, ma bourse n’est pas suffisante et mon oncle et ma tante… Ils ne me donnent rien. Donc il m’a fallut trouver quelque chose. Me débrouiller seule."

Elle porta son verre a ses lèvres but une gorgé sans quitter l’avocat des yeux, voila c’était la version qu’elle donnait à tout le monde pour donner le change sur sa vrai vie, tout le monde y croyait dure comme fer, c’est la seule chose sur laquelle Iris savait mentir, ce qui n’était pas plus mal, elle n’aurait pas aimé qu’on la regarde avec pitié. Elle reprit alors :

"Pour ce qui est de la version Officieuse nous en reparlerons peut être un autre jour…"

Pourquoi elle disait cela à Tensui ? Parce qu’elle le trouvait sympathique ? Ou bien avait elle retrouver quelque chose de perdu chez lui… L’occident ? Surement les deux. Elle ecarta quelques méches qui étaient tombé devant ses yeux. Elle continua :

"Je vous remercie pour votre offre d’aide je n’hesiterais pas à faire appel a vous… Et puis je vous dois un repas…"

La jeune femme rit doucement et continua :

"Mais parlez moi plutôt de vous. Lequelle de vos parents est allemand ? Vous avez de la famille là-bas ? Êtes vous déjà aller en Europe ? Bien entendu vous n’êtes pas obliger de repondre… Je ne voudrais pas etre indiscrète."