Deux amies [PV: Mizuhashi Rex]

[(j'ai changé le sujet dis moi si ça te vas pas ^^) ]

Elle me soule cette luciole

En arrivant au port, Livia pensait encore à la promesse qu’elle avait faite à Mizu. Elle réussirait son rêve … elle n’en avait encore jamais autant parlé avec quelqu’un. D’habitude ils n’étaient pas intéressés voire même moqueur et pour une fois, la première fois, on la prenait au sérieux. Elle regardait encore sa main, ce petit doigt qu’elle avait serrée comme un peu hébétée… Elle qui voulait du changement, elle aurait du venir au Japon plus tôt ! Elle finit sa canette de jus de fruit, elle avait copié sur Rex puisqu’elle n’aimait pas les boissons à bulles et ne connaissait pas les boissons japonaises. Et, une fois de plus, sa nouvelle amie avait bon goût ! En tournant, le visage vers cette dernière Olivia repensa à ce que la jeune fille lui avait dit plus tôt. Une école d’art ? Ses parents ne seraient jamais d’accord mais … si elle économisait assez cette année peut être qu’elle pourrait tenter les concours d’entrée par exemple. En un an, elle devrait au moins avoir assez pour se payer l’école non ?
C’était ridicule mais Laure trouvait la jeune fille aussi … délurée qu’elle au final. C’était sûrement pour ça qu’elle s’était si bien entendu mais peu importe. Elle se jeta sur son amie et la prit dans ses bras avant de lui murmurait un provocateur :

« On se pose où ? »

C’était presque énervant de ne rien connaître. Livia aimait décider de qui, quoi, où et comment avec ses amis et pourtant cette nuit elle dépendait entièrement de Mizu. La vie à Tokyo était vraiment différente ! Elle relâcha la jeune fille le sourire aux lèvres, attendant sa réponse.

« Pour ce qui est de ce que j’aime chanter en fait j’y ai jamais pensé donc ça va être un peu compliqué. Alors, alors je préfère le rock ça c’est sur ! Je pense pouvoir me débrouiller avec la plupart des grands groupes d’Europe et Etats-Unis au moins sur une chanson … par contre pour les groupes japonais je crois pas que je connaisses de paroles enfin je peux chanter si tu me fais écouter une ou deux fois et avec des paroles. De toute façon on a toute la nuit ! »

Et bah non finalement les vieilles habitudes ont la vie dure. Ne pas rentrer, se coucher à pas d’heure, ne pas faire attention à ce qu’elle fait. Oui, Olivia ne pouvait pas changer du jour au lendemain non plus. Il n’y avait que c’est parents pour croire encore en ce genre de … pur miracle était le mot juste.

« Et puis je pense que c’est facile de chanter avec toi ! Cette Yukô a de la chance d’avoir une aussi bonne guitariste ! Faudra que j’écoute ses chansons. »

Après tout même sans avoir jamais chanté, Livia se douté bien que c’était plus facile avec quelqu’un qui fait attention à vous. Une musicienne qui se soucie de sa chanteuse, joue forcément pour elle et elle doit le ressentir. En tout cas, Olivia espérait bien que les gens se rendent compte d’à quel point Rex était gentille et généreuse dans sa musique. Comme dans son comportement d’ailleurs. Non, d’ailleurs tout le monde ne devait pas s’en rendre compte ; les gens étaient trop occupés à regarder leurs nombrils pour prêter attention aux autres. Ils ne se rendent parfois même pas compte de ce qu’il se passe autour d’eux alors de là à faire attention à ce qu’il se passe pour les autres.
Livia regardait Rex pour qu’elle lui désigne sa future scène improvisée. La jeune fille n’avait pas lâché sa guitare du trajet un peu comme un bébé qu’elle portait précieusement. Un objet un peu fétiche pour elle sûrement. Machinalement, elle se mit à jouer avec son pendentif. Elle s’était toujours plus ou moins demandée comment les gens faisaient pour s’attacher au objet. Enfin pour une guitare c’était peut-être un peu différent mais elle se trouvait un peu bête de toujours porter ce pendentif. Et quand elle l’enlevait, elle n’avait essayé qu’une fois, elle se sentait complètement nue.

« Au fait d’où elle te vient ta guitare ? »

[ C’est parfait ainsi, merci^^ ]

Quand les deux toutes nouvelles amies parvinrent au port, après une marche d’une dizaine de minutes dans la nuit fraîche et vivifiante, Rex n’en revenait toujours pas…de deux choses, en fait: de l’audace avec laquelle elle avait demandé à Laure de lui faire une promesse aussi sérieuse, mais surtout de la réaction de la concernée qui ne s’était pas du tout énervée, n’avait même pas refusé, au contraire ! Elle avait eu l’air plutôt surprise d’une telle démarche de la part de Mizu, mais avait tendu sa main et leurs deux doigts s’étaient enlacés, scellant une promesse qu’aucune des deux n’oublierait. La jeune musicienne était vraiment ravie d’avoir une amie aussi ouverte qu’Olivia, car la plupart des gens se seraient sans doute offusqué d’une telle impolitesse…mais encore une fois la belle française, dans toute sa particularité rayonnante, semblait repousser de son aura à elle seule les conventions, les esthétiques, tout le politiquement correct superflus dont Rex voulait aussi, quelque part, abattre les barrières, à l’aide de sa musique.
Leurs jus de fruits à la main, car les deux jeunes filles avaient choisi la même boisson, elles avaient quitté l'avenue devant le jardin Hamarikyu; cela faisait du bien de se dégourdir les jambes, pour la petite brune qui avait passé sa journée assise dans les transports en commun.

"Waaah ma canette, attention !" cria Mizu, amusée, quand Laure se précipita une nouvelle fois sur elle pour la prendre dans ses bras. Elle eut un petit rire, puis déclara, prenant elle aussi un ton mystérieux qui faisait très curieux et contrasté avec sa personne joyeuse:

"Viens, je vais t’amener dans mon petit coin à moi ! ^^ J’aime bien venir là-bas le soir !" Les deux jeunes filles se remirent en route, longeant les quais; tandis qu’elle marchait, sirotant son jus de fruits, Rex écoutait Olivia répondre à ses questions. Quand elle entendit que son amie aimait le rock, elle eut un grand sourire; décidément elles étaient faites pour s’entendre, il aurait fallu remercier Dieu, le hasard, le destin, ou quoi que ce soit d’autre d’avoir orchestré cette rencontre ! Aux dernières paroles de Laure, la jeune musicienne approuva d’un signe de tête; oui, elles avaient toute la nuit, et même plus encore si il le fallait ! A l’instar de sa compagne, Mizu n’aimait pas vraiment se coucher tôt ou respecter les horaires; et c’était en partie pour ne pas se soucier de ce genre de choses qu’elle avait choisi sa vocation de musicienne.

"Ho, tu me flattes" s’écria t-elle en entendant le compliment de son amie.

"Tu sais quoi ? Quand tu auras créé ta propre ligne de vêtements je ne porterais qu’eux, voilà." Na. C’était dit d’un ton catégorique et enfantin, mais c’était véritablement sincère; Rex adorait le style d’Olivia et elle aurait volontiers porté ce genre de vêtements. En entendant sa question, elle répondit après un court silence songeur:

"C’est ma toute première guitare, j’y tiens beaucoup, elle me rappelle pleins de souvenirs ! Je l’ai eu pour mes 11 ans, quand je suis entrée au conservatoire." Mizu regarda l’instrument en question; certes, il était assez âgé, mais avait toujours bien marché et renfermait une grosse valeur sentimentale… quelques minutes plus tard, les deux jeunes filles arrivèrent enfin à destination; il s’agissait d’une petite crique qui s’ouvrait dans un coin du port, pas du tout fréquentée, et dont la grande allée de béton plongeait dans l’eau sombre au terme d’une chute d’un bon mètre. L’endroit était éclairé par la lueur blafarde de la lune levante qu’on distinguait à peine, tant les lumières de la ville étaient nombreuses. Un unique banc de bois faisait face à l'eau du port et Rex s’y assit avec un soupir heureux. Parfois, il fallait d’un petit rien, d’un léger événement déclencheur, pour bouleverser ou redémarrer une vie…mais c’était encore plus le cas quand débarquait dans votre existence une véritable déflagration de couleurs, une fille dont l’énergie est capable de tout balayer…un être fort…qui regorge d’espoir…

"Alors, pour commencer, je peux te proposer deux choses^^ Rolling Star, encore de Yui, c’est Japonais donc je ne pense pas que tu connaisses mais si tu veux, tu pourras chanter en anglais ou en français. Ou sinon, on peut essayer Vulnerable, toujours de Secondhand Serenade…La voix du chanteur est criarde mais la mélodie est jolie et avec ta voix ça sera sûrement bien mieux que l'originale!"

Un petit coin pour le soir… vraiment ? Laure éclata de rire mais choisit de ne pas taquiner son amie. Pas la peine de la traiter comme tout le monde quand elle était si unique. Elle prit la suite Mizu en toute confiance comme depuis le début de la soirée. L’air était vrai mais vif et l’odeur de sel bien qu’un peu agressive lui rappelait la maison de sa grand-mère en bretagne. Vous aurez compris que c’était un sentiment de bien-être et de nostalgie mélangée mais ça vaut le coup de détailler n’est-ce pas ?
Elle aurait du s’y attendre mais perdue au coin du feu sur les genoux d’une vieille dame aux mains noueuses, la promesse de Rex la surpris et lui amena quasiment les larmes au yeux. Trop fière elle détourna vite le regard afin de s’essuyer discrètement le coin de l’œil.

« Alors je ferais une ligne de vêtement rouge rien que pour toi ! » réagit-elle avec un sourire rayonnant sur le même ton de gamine qu’avait employé la jeune japonaise. C’était plus ou moins la vérité. Elle n’avait pas encore beaucoup de vêtements rouges dans sa collection mais voyait très bien Mizu comme une de ses égéries. Comme il ne faut pas voir petit, Livia imaginait déjà les gros titres des journaux de modes : LA GRANDE GUITARISTE INSPIRE LA NOUVELLE STYLISTE !!! Et encore c’était parce qu’elle était totalement sobre ce soir sinon elle aurait pu la faire défilé sur le champ.
Livia leva un sourcil impressionné. Entrer au conservatoire à 11ans, elle savait que ce n’était pas rien. Elle se doutait bien que Mizu était capable de bien plus que le peu de musique qu’elle avait montré toute à l’heure mais pas à ce point. Enfin, la pauvre n’était pas la pour une performance privée mais pour la faire chanter… du moins essayer. Elle regarda la guitare un peu défraîchie avec un certain respect, pour avoir passer tant de temps avec sa nouvelle amie. Une certaine tendresse aussi pour cet objet différent des autres. Le bois clair reflétait les premiers rayons de lune et les lueurs de la mer.
Enfin elles arrivèrent près d’un banc en bois dont la peinture complètement attaqué par les embruns. Mizu s’y assis et Livia se mit en tailleur à ses cotés. Elle regarda pendant un moment les remouds de l’onde sombre qui venait se fracasser à ses pieds. Les lumières de la ville se reflétaient sur chacune des lames qui rejoignaient le béton en rang serré.

« Je suppose que c’est plus simple de commencer par un groupe occidentale. Allons-y pour Vulnerable. »

Dit-elle avec la bonne humeur qui ne l’avait pas quitté de la soirée. Elle sortit de son sac son carton à dessin et un crayon papier.

« Tiens tu peux noter les paroles sur une feuille blanche si tu les connais ce sera plus simple que d’essayer de me les apprendre. Depuis la shôgakkô, je suis nulle en poésie alors il vaut mieux que j’ai une anti-sèche » plaisanta-t-elle en lui tendant ses affaires. Puis en attendant que la musicienne ait tout préparé elle attrapa les jus de fruits vides et alla les portées à la poubelle de chantier qu’elles venaient de passer.

[ Je suis désolée pour le retaaard >.< ]

Le bois du banc, d’abord rendu froid par la température déclinante du soir, se réchauffait doucement au contact des cuisses nues de Rex qui regardait avec un sourire Olivia lui dire qu’elle lui créerait des vêtements rouges rien que pour elle, après avoir détourné le regard, les yeux humides du compliment que la jeune musicienne venait de lui faire. Cela la fit rire; mais la réaction de la jeune française était légitime, il était toujours agréable de recevoir un compliment sincère et, dans le milieu artistique, si l’on voulait percer il fallait persévérer, car souvent ce genre de compliment, il n’y en avait pas, et l’on vous faisait sentir, tous les jours, à quel point vous étiez nulle…Mais Laure y arriverait sûrement, elle possédait non seulement le talent, mais aussi le tempérament et la volonté; un petit rien suffirait à la lancer définitivement dans le monde de la mode. Emportée dans son délire Rex s’exclama en riant à son tour, en plaisantant:

"Trop bien ! Comme ça on pourra s’associer, ça nous fera un bon coup de pub et on aura plein d’argent !" Les éclats cristallins de leurs voix résonnaient dans l’air du soir, chevauchant les crêtes sombres et écumeuses des vagues qui s’échouaient sur le béton avec un clapotis incessant, à peine couvert par le bruit des voitures qui circulaient par millier dans la capitale. La musicienne savoura un instant ce moment, ce moment simple et vrai, avec sa nouvelle amie. Elle prit une nouvelle gorgée de son jus de fruit et déclara en posant la canette sur le banc:

"Ne t’en fais pas elles sont assez simples, et puis il faut dire que ce qu’on apprend à l’école primaire ne ressemble pas vraiment à des chansons…enfin je trouve." Rex prit le carton à dessin et le crayon que lui tendaient Olivia et se mit à tracer, d’une écriture régulière, fine et un peu penchée, les paroles en romaji, car les kanji auraient sans doute été trop compliqués à déchiffrer et approximatif puisque les paroles de Vulnerable étaient en anglais.

"Tu l’as toujours sur toi, ce carton à dessin ? C’est pour faire des croquis ?" demanda la musicienne tandis qu’elle écrivait, ses longues mèches noires pendant sur l’immaculé du papier. Elle s’imagina un instant Laure comme une journaliste aux aguets, cachée derrière un buisson, ses armes –bloc note et crayon- à la main, à l’affût du moindre vêtement qui pourrait l’inspirer. Cette vision la fit sourire et elle termina ses inscriptions pour rendre son bien à Laure, avec les paroles écrites dessus.

"Voilà. Elle est assez longue, donc tu n’es pas obligée de tout chanter si tu veux ^^ !" Elle laissa à son amie quelques minutes, le temps de lire les paroles, et fredonna le rythme pour lui donner en tête.

"C’est dommage, je n’ai qu’une guitare, donc nous sommes assez limitées dans le choix des musiques…Un jour il faudra que je t’amène au studio où l’on répète, j’aurai ma guitare électrique et tu pourras chanter sur des rythmes plus variés, avec un vrai micro et un bon ampli. Je suis sûre que ça donnera un très bon résultat" s’exclama t-elle en grattant sa guitare par intermittence pour l’accorder correctement.

"Voilà, c’est bon ! Tu es prête ?"

[ Je ne peux pas vraiment dire grand chose ^^" désolée je n'étais pas là cette semaine ]

En reprenant son carton à dessin, Laure observa posément les caractères délicats qui s’enfilaient à présent sur le papier. La japonaise avait une écriture un peu en italique ce qui donnait l’impression que les mots se chantaient déjà d’eux-mêmes encore emprisonnés par les fibres de cellulose. Cette écriture appliquée rappelait que l’alphabet latin n’était pas chose courante, ici.

« Vous savez tous écrire avec notre alphabet au Japon ? En Europe, les gens qui savent écrire les Kanji, se comptent pratiquement sur les doigts de la main … enfin je pense… Faudra que j’apprenne ça aussi pendant que je suis là. »dit Olivia curieuse.

C’était à la fois un compliment et une triste peinture de la réalité, les occidentaux étaient tellement convaincus de leur supériorité… La plupart des japonais aussi, remarquez, mais ils étaient peut-être un peu moins bornés… ou pas ; la jeune Française verrait cela à l’usure.
Sa lecture des paroles de la chanson d’amour - ou plutôt de la plainte déchirante mais très poétique d’un mec qui venait apparemment de se faire jeter, d’après ce qu’elle déduisait- fût interrompue par la question de son amie.

« Oh ça !? Oui tout le temps, au cas où. On sait jamais quand l’inspiration peut venir, non ? En général c’est quand les gens m’ennuient. Et puis il me sert aussi de bloc-notes à l’occasion… »

Elle l’avouait volontiers, elle venait d’allégrement éluder la question. Mais elle ne pouvait pas tout dévoiler en un soir n’est-ce pas ? Et Rex sans le savoir avait atteint cette limite que la jeune gaijin traçait elle-même : une ligne rouge sang, différente pour chaque personne, à chaque moment qui serpentait sous les humeurs de la couturière en herbe. Elle n’était pas là pour la séparer des autres pourtant ; juste pour lui rappeler que tous étaient différents et qu’elle aimait cultiver cette méfiance inconsciente que tout le monde éprouvait plus ou moins envers les autres en général.
Pour faire passer la pilule, Livia redressa son regard vers la jeune musicienne avec ce sourire ingénue qu’elle savait si bien imitée. Elle espérait juste que Rex ne se formaliserait pas de sa facétie si toutefois elle la remarquait. Ce n’était pas méchant… juste une façon d’entretenir le mystère.

« Les paroles ne sont pas trop compliquées je devrais y arriver. Je m’arrêterai juste si c’est un vrai massacre, histoire qu’on ne prenne pas une douche mémorable » plaisanta la jeune fille. « Mais ne t’inquiètes pas avec toi à la guitare ça sera très bien, aussi bien que possible du moins vu que c’est moi qui chante… ça on ne sait pas trop ce que ça va donné. »

En écoutant la mélodie que fredonnaient Mizu et sa guitare, Livia eut l’impression d’avoir déjà entendue la chanson tant les paroles se mettaient en place naturellement dans son esprit. Pourtant elle était certaine de ne pas connaître ce groupe. D’un regard de côté, elle observa la guitariste se demandant si c’était encore un de ses « pouvoirs » -oui elle a envie d’appeler ça comma ça ! Et c’était bien plus impressionnant que les supers héros débiles, sans cervelle et incapable de toute sensibilité qu’on voyait à la télé.

« Vas-y je suis prête ! »

A nouveau, elle entendit la guitare se mettre à chanter sous les doigts fins et agiles de sa nouvelle amie. Un son doux, cajolant à l’image des paroles de la chanson. Elle eut à peine le temps d’apprécier les deux premières mesures que les premières paroles de la chanson s’échappèrent presque involontairement de sa gorge :

Share with me the blankets that you’re wrapped in
Because it’s cold outside cold outside its cold outside
Share with me the secrets that you kept in
Because it’s cold inside cold inside its cold inside

And your slowly shaking finger tips
Show that your scared like me so
Let's pretend we're alone
And I know you may be scared
And I know were unprepared
But I don't care

Tell me tell me
What makes you think that you are invincible
I can see it in your eyes that you're so sure
Please don't tell me that I am the only one that's vulnerable
Impossible…

Elle laissa doucement sa voix s’éteindre à la fin du premier refrain. Une boule lui nouait l’estomac comme rarement cela lui était arrivé en attendant les impressions de Mizu. Elle ne se sentait pas comme une chanteuse exceptionnelle mais en contrôlant sa voix et en gardant un timbre calme et doux elle avait à peu près réussi à rester juste. En tout cas, c’était l’impression qu’elle avait essayer de donner. Pas facile ce métier de chanteuse… il y a des gens masos quand même.

« Tu en penses quoi ? »

Elle se sentit ridicule en entendant sa voix aussi timide que si elle avait été à une grande audition… En fait, elle ne s’était pas encore rendue compte que faire plaisir à sa compagne d’infortune comptait déjà autant pour elle…Elle voulait probablement lui donner autant de plaisir qu’elle en éprouvait en l’écoutant jouer et venait par-dessus tout de se rendre compte qu’il lui restait encore énormément de chemin à parcourir.

Assise sur le banc, sa guitare sur les genoux, Rex se laissait gagner par ce merveilleux sentiment de travail bien fait qui l’envahissait quand elle était satisfaite de quelque chose qu’elle avait accompli en compagnie d’une personne. Cette émotion de plénitude, presque tout le monde le connaissait, surtout quand on parvenait au bout d’un objectif qui avait été soit fastidieux, soit osé. Le bonheur d’accomplir un acte et de voir qu’il est réussi. Durant son apprentissage en musique, la jeune femme s’était progressivement aperçu que c’était moins le résultat final qui procurait satisfaction que tous les efforts qu’on avait mis en œuvre et les progrès qu’on avait fait pour réaliser ce dit projet. Elle en était toute excitée, et la voix d’Olivia semblait encore résonner à ses oreilles en se mariant avec les accords vibrants et caractéristiques de son instrument. Il faudrait absolument qu’elles se revoient.
Avec un sourire omniprésent fixé à ses lèvres, témoin involontaire d’un profond sentiment de devoir accompli, elle écouta Laure lui répondre en décrétant que c’était une bonne idée.

"Des pierres ?" Rex éclata de rire en imaginant le portrait de son amie et elle, debout au milieu de l’avenue, en train d’esquiver les petits projectiles gris en faisant un mouvement à la matrix. Elle rit un moment puis agita la main.

"Ne t’inquiètes pas, je ne pense pas que ça arrivera. Les gens qui n’aiment pas la musique qu’on joue se contentent généralement de passer leur chemin" déclara t-elle en observant Olivia basculer délicatement pour venir poser sa tête sur ses cuisses. Les cheveux ondoyants et fins de son amie vinrent chatouiller sa peau nue et elle cala sa tête contre le dossier en regardant elle aussi le ciel, un moment un silence, plongée dans ses pensées. Dire qu’elle était là, en train de discuter avec une fille qui, quelques heures plus tôt, était une parfaite inconnue. Et dire qu’elle était à Tokyo, la ville où tout est possible, avec cette même fille, tandis que chacune était sur le chemin de la réalisation de leur rêve respectif… mais pour en arriver là, il avait fallu qu’elle fasse tant d’erreurs…

"Par contre, une des premières fois où j’ai joué en pleine rue à Tokyo une bande de gars ivres nous avaient balancé des canettes" fit-elle soudainement en se remémorant cette épisode symbolique de ses débuts. Lorsque Laure se releva, elle inscrit son numéro de portable sur une feuille de son bloc et tandis celui-ci à Rex pour qu’elle fasse de même.

"Tu as raison, c’est beaucoup mieux" fit la jeune musicienne en inscrivant rapidement son numéro sur la feuille. En sortant son portable pour vérifier qu’elle ne s’était pas trompée, elle vit que l’heure était déjà vraiment avancée et se leva du banc.

"Il se fait vraiment tard, et nous avons encore un bon bout de chemin à parcourir. Viens, je vais te raccompagner!" fit-elle en souriant et saisissant une main d’Olivia pour la faire lever, l’entraînant dans son sillage. Rex rangea sa guitare dans son étui, mit celui-ci sur son dos et s’élança en compagnie de son ami dans les immenses avenues de Tokyo, en bavardant comme si elles s’étaient toujours connues. Autour d’elles, la vie nocturne bruissait plus que jamais et la musicienne eut la sensation, véridique d’ailleurs, de n’être qu’une minuscule silhouette anonyme, un grain de sable égaré sur le rivage de l’éternité. Mais bientôt, cela changerait, grâce à sa musique. Elle serait connue. Et Laure aussi.
Enfin, après un long trajet, les deux jeunes filles arrivèrent à la pension et Rex laissa son amie sur le pas de la porte et s’inclina en parodiant la tradition.

"Je suis vraiment ravie de t’avoir rencontrée, Olivia-dono. Il faut absolument qu’on se revoit, je suis sûre que j’ai encore énormément de choses à apprendre en te côtoyant. Aller, bonne nuit, à une prochaine fois!" S’exclama t-elle en bondissant et en s’éloignant dans la rue. Bientôt, l’obscurité l’avala presque toute entière et elle ne fut plus qu’une flamme rouge qui tournoyait dans l’espace.

[HJ: voilà, désolée d'avoir clos le topic si soudainement mais je n'aurais pas le temps de répondre une autre fois avant mon départ :s Bonne lecture!]